Je t’ai mise au monde avec mes tripes. Tout ce qu’il restait de mes forces s’est quadruplé au moment où je t’ai donné la délivrance. Mon corps a donné naissance et ma tête a pris le bord. C’est l’instinct qui a pris de l’expansion à la place de mon cerveau et de ma raison. Je suis maintenant un animal.
Au départ, les livres m’ont aidée à apaiser mes doutes et mes peurs. Ils ont permis de me rassurer ou parfois de semer plus de doute dans mon esprit de mère qui grandissait en même temps que toi. À un moment donné, j’ai cru en moi. J’ai fini par délaisser le mieux-vivre et les ratios de combien il faut boire par 24 h. De combien de couches il faut mouiller dans une journée. De combien d’amour on doit donner pour que tu te sentes aimée.
Mon instinct a pris le dessus. Il est devenu fort. Assez fort pour te nourrir à ta faim et pour te faire grandir comme il faut. Assez fort pour ne plus me questionner sur les ratios et sur les normes. Mon instinct est tellement criant qu’il m’a fait rester à la maison un peu plus longtemps. T’allaiter en prolongé. Te donner des morceaux au lieu des purées. Te respecter dans ton rythme et dans ton sommeil. Tout a été en douceur, au bon tempo. Une belle musique.
Mon intuition de maman m’a permis d’être la mère fière que je suis aujourd’hui. Je n’ai aucun regret. Je nous ai écoutées. Plus tard, lorsque je serai vieille, j’aurai au moins le mérite de t’avoir laissé tout ton temps et d’avoir laissé toute la place à mon cerveau maternel. Pour une fois dans ma vie que je suis 100 % en unisson avec mes valeurs, avec mon intuition.
Est-ce que l’instinct maternel prend beaucoup de place dans la façon de vivre votre vie?