Il y a quelque temps, je vous parlais de ma relation avec ma petite sœur dysphasique et comment j’avais évolué à travers ça. D’une certaine façon, je suis heureuse d’avoir pu grandir avec une sœur différente, car grâce à ce lien, j’ai pu développer une ouverture d’esprit et une compréhension face aux défis que peuvent vivre les gens présentant des handicaps. Je ne dis pas qu’il faut nécessairement avoir un proche avec un handicap pour comprendre leur réalité différente, mais dans mon cas, je sais que ça a influencé la personne que je suis aujourd’hui. C’est pourquoi j’aimerais aborder avec vous certains défis de ma petite sœur.
Pour Gabie, il y a des concepts qui sont très flous et difficiles à maîtriser : le concept de l’argent, le concept de la santé, le concept des relations interpersonnelles. Elle travaille très fort avec une travailleuse sociale pour intégrer toutes ces notions, mais reste que les connexions dans son cerveau ne sont pas là de prime abord.
C’est fou de se dire qu’une fois à la caisse, c’est un automatisme de donner la monnaie et savoir ce que nous allons recevoir. Gabrielle ne le sait pas et ça lui prend parfois du temps à la caisse. Quel désespoir de sentir l’impatience grandissante des gens en file derrière, ou le malaise de la caissière. Qu’est-ce que cinq minutes de plus en file changent concrètement dans la vie d’une personne alors que pour Gabie, ces cinq minutes sont l’occasion de réfléchir et se pratiquer à bien gérer l’argent? J’aimerais quand même remercier tous les employés et les personnes qui ont pu croiser ma petite sœur et aborder la situation avec bienveillance et patience.
Les relations interpersonnelles sont tout un défi! Dépendamment des handicaps, certains présenteront une trop grande proximité avec les gens, d’autres une incapacité à entrer en contact. Pour ma petite sœur, disons simplement qu’elle va vous considérer comme sa meilleure amie après quinze minutes en votre compagnie, haha! Il s’agit aussi d’un apprentissage pour elle, car elle doit gérer les différences de personnalités entre elle et les gens qui l’entourent, à ne pas tout prendre comme un rejet et surtout à mettre certaines barrières entre elle et les gens.
Elle ressent très fortement le jugement et le rejet. Comme elle est consciente de sa condition, elle sait qu’elle est différente et que cette différence dresse souvent un mur entre elles et les autres. C’est un mur qui est difficile à surmonter lorsque les autres ne sont pas ouverts sur la différence, et ça lui entraîne beaucoup de tristesse.
Bref, s’il y a une chose que je peux mettre sur la table dans cet article, c’est d’être ouvert sur la différence. Je sais qu’il est parfois compliqué de savoir comment agir, quelle attitude adopter, mais en général, les personnes handicapées aiment sentir qu’elles ne sont pas mises à l’écart de par leur différence. Je sais aussi que chaque cas est unique, mais ça me brise tellement le cœur de voir la stigmatisation dont ma sœur souffre quotidiennement. Il me semble que si nous fournissions tous un effort supplémentaire de patience et de compréhension, l’inclusion sociale des personnes handicapées se ferait mieux et dans un plus grand respect.
Avez-vous déjà été en situation sociale avec une personne handicapée sans savoir comment agir?