D’un accouchement à l’autre, vous aurez sûrement entendu des histoires heureuses, tristes ou même surprenantes. Eh bien, la mienne est un peu surprenante pour ne pas dire spéciale. Un accouchement short and sweet.
Cette nuit-là, j’ai pris soin de laisser ma dignité bien cachée à la maison. Elle était bien enfouie, pour que je puisse la retrouver (j’espérais bien) à mon retour d’hôpital, parce que clairement, je n’allais pas en avoir besoin pour les prochaines heures.
Je dormais paisiblement avec ma bedaine. Les contractions toutes les dix minutes m’ont réveillée, parce que t’sais, inconfort quand tu nous tiens. Le chum qui appelle à l’hôpital et qui se fait dire de me faire mijoter un peu dans le bain, car ça peut aider, paraît-il. Mettons que j’ai pris des bains plus relaxants. J’ai beau y repenser, je n’ai jamais connu de douleur aussi intense de toute ma vie. C’est juste inimaginable. Je ne comprends même pas comment le corps fait pour endurer autant de mal. Le souffle est coupé, il n’y a pas de position confortable, l’envie de jaser a disparu. Les douleurs qui deviennent de plus en plus intenses avec de moins en moins de pauses, c’est notre cue pour le départ vers l’hôpital.
En arrivant, je pitche ma loque de corps dans un fauteuil roulant, pendant que mon chum essaie de rassembler nos valises de futurs parents avertis. Le glorieux manège s’enclenche. Ça commençait à pousser, sans mon consentement pis toute. L’infirmière arrive et regarde l’ampleur de la chose. C’est pas mal à ce moment qu’elle me crie dans les oreilles : « NE POUSSEZ PLUS VOUS ÊTES DILATÉE À 10! ». Elle me garroche dans un autre fauteuil roulant, je roulais à toute vitesse dans les corridors de l’hôpital, gelée comme une bine sur l’endorphine. Pendant notre périple, elle me demande si avoir la péridurale était mon souhait. Avant que je finisse ma phrase elle me coupe et me dit, accompagnée de ses plus grands yeux : « Laissez faire, vous ne pourrez pas l’avoir, vous êtes trop avancée! » Meilleure chance la prochaine fois, qui disent?
Dans un temps record, je me retrouve sur la table d’accouchement en train de pousser comme si j’allais gagner une course. Je me donnais. C’était mon enfant qui s’apprêtait à sortir de là. C’est fou quand nous y pensons. Première poussée, rien. Deuxième poussée, un caca. Troisième poussée – vraiment, je ne pensais pas que ça pouvait exister –, J’AI PERDU MES EAUX DANS LE VISAGE DU MÉDECIN. Littéralement. Tout le monde était mouillé. Le médecin ne comprenait plus rien, mon chum s’essuyait les bras, les infirmières avaient l’air d’avoir vu une licorne danser. Bref, je me suis relevée, comme si je redevenais lucide pour deux secondes en lançant un bon : « ÊTES-VOUS CORRECTS? ». Une fois tout le monde séché, les poussées ont continué. À la quatrième, son petit cœur avait de la difficulté. Il a donc été sorti en vitesse. Finalement, un bel accouchement, facile rapide, efficace, intense, mais surtout, surprenant.
Comment avez-vous vécu votre premier accouchement?