Quand j’étais sans enfant, ça m’ennuyait quand mes copines disaient « suis ton instinct maternel ». Non seulement je ne savais pas si j’allais l’avoir ce supposé instinct, mais il me semblait enfermer les mères dans un rôle imposé.
Avant de devenir mère
Je me disais que nous pouvions apprendre à devenir mère, nous ne l’étions pas de facto parce qu’un enfant a poussé en nous. Le dévouement total pour nos enfants n’est pas une fatalité, c’est un choix. Nous pouvons, par exemple, décider (ou pas) d’allaiter, d’être présentes. Nous ne sommes pas enfermées dans ce rôle par obligation génétique. Et de proclamer que la bienveillance maternelle est naturelle ne contribue qu’à culpabiliser celles qui ne ressentent pas cet attachement.
Pas d’instinct maternel? Pas de problème! Crédit : Giphy
J’avais entendu parler des nourrices dont les seins coulent juste à entendre un bébé pleurer. Je croyais que c’était des légendes. Le jour où mes seins se sont mis à couler parce qu’un kid quelconque braillait, j’ai capoté. Je pensais que je m’étais trompée de métier : quelle connerie que la sociologie! Je présumais que l’instinct maternel était surtout une construction sociale. Mais là, ma poitrine me criait : et si dans la maternité, TOUT était biologique?
Après la naissance de mon fils
Je pensais m’être trompée. La nuit, dès qu’il émettait un bruit, je me réveillais comme par instinct. Son père ronflait à côté, sans s’apercevoir que je me levais cent fois dix fois. Ma propension à sortir du sommeil dès le moindre changement de respiration du petit est devenue maladive. Nous avons mis notre fils dans sa chambre, au bout du corridor. Rien n’a changé. Je me réveillais quand même.
Voyant ma fatigue extrême, son père a proposé : il dormirait dans le salon à côté de la chambre de l’enfant. Je pourrais dormir seule, dans la pièce la plus éloignée, la porte fermée, avec des bouchons dans les oreilles. J’allais enfin dormir toute une nuit (et retourner à mes convictions de sociologue)!
Quelle naïveté! Son père a dormi directement à côté du bébé sans se réveiller. Moi? Malgré le corridor, la porte, les bouchons, je me réveillais au moindre bruit du petit. Nous arrivions à peine à y croire. L’instinct maternel était si puissant?
Et puis
Fiston a eu neuf mois. Le congé de maternité fini, son père a pris la relève. Comme il est Suédois, il a droit à un congé de paternité étendu. J’ai recommencé à travailler et ai miraculeusement arrêté de me réveiller!
Cela s’est passé comme par magie quand nous avons switché de rôle. Le switch s’est alors aussi fait dans ma tête. Le jour où papa a officiellement pris la responsabilité parentale principale, j’ai dormi.
Le contexte social ayant changé, nos réponses biologiques se sont transformées. Papa en charge de bébé du jour au lendemain = papa qui attrape mon « instinct maternel ». Il a commencé à se réveiller au moindre son, tandis que je dormais.
Nuits et honneur de sociologue : restored!
De quelle façon avez-vous « transmis » votre instinct maternel?