Quand ta sœur devient ta doula improvisée

Ma sœur et moi sommes tombées enceintes presque en même temps, soit à 10 jours près. Je me suis presque étouffée lorsqu’elle me l’a annoncé. Je n’en revenais pas : nous allions quasiment avoir des jumeaux cosmiques. 

Nous avons été suivies au même hôpital, avec le même médecin puisque nous avions toutes deux des grossesses à risque. Nous nous sommes croisées à nos nombreux rendez-vous et avons fait bien des blagues sur le fait que ce serait vraiment pratique d’être à l’hôpital en même temps. Nous pourrions nous voler des couches de maternité ou encore rentabiliser le billet de stationnement des parents. 
 
Le 19 août, soit trois jours après ma date prévue d’accouchement, ma soeur rentre comme prévu à l’hôpital pour sa césarienne. Je vais la voir le lendemain et je rencontre mon beau neveu tout neuf. Je rentabilise ma visite avec un petit décollement des membranes. #ToujoursPlaisant. Si ça marche aussi bien que pour ma fille, j’accoucherai vraisemblablement au cours des prochaines heures et je pourrai aller faire un coucou à ma sœur lorsque je serai en début de travail.
 
En fin d’après-midi, toujours pas de changement. Nous allons chercher notre fille à la garderie et nous arrêtons même à l’épicerie. Nous sommes wild de même, nous autres. Toutefois, vers 1 h 30, je me réveille toute trempée. Pas de doute, j’ai perdu mes eaux.

 
2 h, mes beaux-parents arrivent pour prendre soin de notre aînée et mes contractions aussi font une entrée remarquée. Comme pour ma fille, elles sont intenses, longues et très rapprochées, genre toutes les deux minutes. Je me dis que mon plan sans péridurale risque de prendre le bord si la douleur demeure aussi vive pendant plusieurs heures.
 
2 h 20, nous arrivons dans le stationnement et j’ai mal en torpinouche. Je réussis à me rendre jusqu’à l’obstétrique, mais je n’entends plus rien. Je suis juste en mesure de dire que ça ne peut pas continuer de même bien longtemps. L’infirmière me rassure en me disant que je suis dilatée à 5 cm et que selon elle, ça devrait aller vite. Je me dis que la notion de rapidité est plus que relative, surtout quand tu tentes de sortir un bébé de 8 lb 11. C’est quoi rapide?

 
Mon chum me dit qu’il a texté ma sœur et qu’elle s’en vient. On se souvient qu’elle a eu le ventre ouvert il y a un peu plus de 24 heures et que son bébé veut la téter toutes les deux minutes.
 
Elle arrive pliée en deux, en douleur parce que les médicaments ne font pas pleinement effet. Je suis dans le bain, mais je l’entends dire qu’elle veut mettre ses pieds dans l’eau pour mieux me parler. Juste comme ça, ma sœur devient ma doula, la personne parfaite pour moi à cet instant précis. Elle me répète de prendre une contraction à la fois et ça me calme. Je l’écoute parce que ma sœur a la maladie de Crohn depuis qu’elle a 17 ans. Elle en a eu des crampes intenses, des interventions chirurgicales et des nuits à ne pas dormir parce que ça fait trop mal. Je sais qu’elle a enduré plus de douleur dans sa vie que quiconque autour de moi. Je m’accroche à ses mots et je finis par accepter d’ouvrir mes jambes pour pousser.
 
Je prends mes petites bouffées de gaz hilarant et je crie ma vie. À 4 h 30, mon garçon pointe le bout de son nez après quatre minutes de poussée. Je suis encore sous le choc d’avoir donné naissance à mon bébé en moins de trois heures. Je suis reconnaissante et émue. J’ai accouché avec ma sœur près de moi!

Est-ce que quelqu’un a été particulièrement aidant lors de votre accouchement?