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​Maman va mieux

Carolane Stratis
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​Maman va mieux
Crédit: Carolanes/Instagram

J’ai toujours été d’une grande transparence sur les médias sociaux quant à ma condition mentale. De ma tentative de suicide à ma prise de médicament enceinte, j’essaie d’enlever les stigmas le plus possible sur les maladies mentales. J’en parle aussi avec les enfants, dans des mots qu’ils comprennent.
 
«  Maman prend des médicaments. »
 « Les médicaments aident à ce que je me sente mieux. »
«  C’est comme si maman était plus fatiguée, dans la vie. »
« C’est des médicaments pour que ma tête aille mieux. »
 
Des mots simples que mes enfants comprennent.
 
Pourtant, il me reste un tabou dont je ne parle presque jamais, même avec le monde qui m’est le plus proche et c’est quand ça va mieux. Je sais que c’est un peu niaiseux, mais j’ai des peurs qui viennent avec le fait de dire que ça va. Et je vais essayer de vous expliquer ça… à défaut de l’expliquer à mes enfants!
 
Je suis, premièrement, très sensible aux mal des autres, peu importe quand ça va bien ou quand ça va mal, ce qui fait que j’ai toujours peur de me mettre un pied dans la bouche quand vient le temps de dire que ça va mieux. J’ai peur d’avoir l’air de me vanter et surtout de ne pas « mériter » d’aller mieux. Dans le sens que je suis transparente sur les médias sociaux tout en gardant un jardin secret sur plusieurs aspects de ma vie, comme les médicaments que je prends, ma routine de vie et quand est-ce que je vois ma psychologue.
 
Autant que je me donne le droit d’aller mal et d’en parler, c’est un peu le contraire quand vient le temps de dire que ça va mieux aussi parce que j’ai peur d’avoir l’impression de performer ma maladie, de donner l’impression qu’on peut réussir sa dépression quand j’ai passé vraiment beaucoup de moments rough depuis 7 ans. J’ai pas envie de donner ma recette, parce que la vérité, c’est que mon gâteau ne goûte pas toujours bon pis qu’il y a souvent des ressacs d’amertume entre le goût de moelleux et de sucrée (j’arrête l’analogie ici, je me gosse).
 
Dans le fond, je le dis pas aussi parce que j’ai peur de me jink, de dire tout haut que ça va bien pour retomber dans une phase rough et qu’on me dise que j’allais pourtant bien il y a pas longtemps. Qu’on tienne pour acquis que ça va pour se permettre de me redire que c’est un peu de ma faute ce qui m’arrive.
 
Mais en même temps, je me vois dans le bureau de ma psy et je l’entends me dire d’être indulgente et fière de moi, que c’est aussi ça la dépression, douter constamment de soi… et que ça s’améliore avec le temps quand on se le donne pour aller mieux.

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