#SlowToute, une décision réfléchie qui fait son chemin dans la Châtelaine ce mois-ci
Vanessa GiguèreCe printemps, mon amie Sarah Poulin-Chartrand m’a contactée : « J’ai un mandat pour le magazine Châtelaine, je dois écrire un dossier sur le désir de ralentir le rythme de nos vies effrénées. Puis j’ai pensé à toi et ton #SlowToute. Ça te dirait qu’on s’assoit et qu’on en parle? ». La semaine suivante, elle se présentait à l’un de mes brunchs mensuels, calepin à la main, puis la discussion démarrait…
Le 8 juillet au matin, en faisant mon épicerie relax avec les enfants, je me suis procuré ma copie du Châtelaine fraîchement arrivée sur les tablettes. Lire les mots de Sarah m’a replongée dans notre discussion, mais aussi dans toutes les réflexions de la dernière année qui m’ont amenée là où je suis aujourd’hui. Ça m’a beaucoup touchée. Dans un monde où l’on glorifie souvent le travail et le fait d’être toujours hyper occupés, je trouve ça l’fun de voir que j’ai réussi à ralentir le rythme sans trop me faire juger. En fait, je trouve surtout ça beau de voir que ça peut inspirer les gens à se questionner et se repositionner.
Il y a un peu plus de trois ans, enceinte de mon fils, je travaillais en ville. Comme nous habitons la Rive-Sud, je passais en moyenne un bon trois heures par jour dans le trafic. Je réveillais ma fille vers 5 h 45 pour la déposer à la garderie à 6 h 15. Je ne déjeunais jamais avec elle en semaine, trop pressée d’aller affronter le trafic pour ne pas être en retard au boulot et ainsi pouvoir revenir avant l’heure du dodo le soir. J’y repense et j’ai les larmes aux yeux. C’était pas une vie, du moins, c’était pas la vie que JE voulais.
Mon fils est ensuite né et pendant mon congé de maternité, j’ai continué à aligner les projets : TPL Moms, une collaboration avec Trois fois par jour, ma boutique Etsy… Je suis une fille créative, je carbure aux projets. Mais un moment donné, j’ai réalisé que j’étais tellement partout à la fois que je n’étais pas là où ça importait. J’avais beau être de corps à la maison avec mes enfants, ma tête était toujours ailleurs, ça bourdonnait là-dedans.
L’heure des choix
En 2014, à la fin de mon deuxième congé de maternité, j’ai choisi de ne pas retourner travailler en ville. J’ai plutôt opté pour un emploi à vingt minutes de la maison, avec un horaire flexible de quatre jours par semaine (ce qui impliquait des concessions sur le plan salarial). Puis, en décembre dernier, après une année 2015 assez éprouvante, j’ai compris que l’heure des choix était de retour. Avec une petite grosse larme à l’œil, je me suis retirée de la merveilleuse équipe de gestion de TPL Moms. Ma boutique Etsy pour sa part était déjà sur le respirateur artificiel depuis un bon moment, faute de temps.
En n’ayant plus d’engagements et obligations autres que mon boulot de trente-quatre heures par semaine, je dirais que c’est vraiment à ce moment que le #SlowToute a fait surface.
#SlowToute, qu’est-ce que ça signifie pour moi?
Quand je dis #SlowToute, je parle de ralentir at large, dans les différentes sphères de nos vies. Ça ne concerne pas que le travail. Dans ma tête, ça veut simplement dire « prendre le temps ». Pour les choses qui nous stimulent, nous font grandir, nous inspirent et nous font plaisir. La cuisine pour moi, c’est quasi thérapeutique. À un certain moment, je courrais tellement après ma queue que j’avais perdu la notion de plaisir reliée à la bouffe. Cuisiner était devenu une corvée, l’inspiration n’était plus là. Maintenant, ouvrir mon magazine Dînette pour essayer une nouvelle recette, ça me rend presque euphorique.#PassionPopotte
Mes week-ends sont plus smooth aussi. Plutôt que passer la fin de semaine à préparer la semaine à venir, je me donne enfin le temps (et le droit!) de faire des petites escapades improvisées avec ma famille. Sauter dans l’auto pour un pique-nique au bord du fleuve. Aller au ciné-parc jusqu’à pas d’heure. Fuck l’horaire et la routine, les week-ends sont faits pour décrocher, recharger les batteries (ou pas, ça dépend du tempérament des p’tits!). Le lavage peut attendre pis la culpabilité peut retourner se coucher.
En ce qui me concerne, la partie la plus tough a été d’apprendre à dire non. Avoir un horaire double-booké, ça m’angoisse, ça m’étourdit. Je veux voir des gens, oui, mais je me donne le droit de choisir les invitations sans me sentir dans l’obligation de répondre présente à tout. Je veux faire les choses de façon plus intentionnelle. Quand je suis là, je suis toute là. De corps et d’esprit.
Je conviens que ce n’est certainement pas un rythme de vie qui peut plaire à tous. L’important, à mes yeux, c’est de reconnaître ses limites, les accepter et s’écouter. Ralentir si nous en avons envie, quand nous en avons envie. Mais surtout, arrêter de courir et toujours donner plus simplement parce que nous avons l’impression que c’est ce que les gens attendent de nous.
Êtes-vous parfois essoufflée par votre quotidien?