Mes parents ont fait une bonne job parce que je suis bien élevée : je sais attendre mon tour de parole et je ne bave pas sur les gens. En plus, je fais mes nuits. Toujours, ils ont fait de leur mieux, en acceptant de perdre le contrôle parfois, tout en me renvoyant à mon pouvoir dans ma propre vie. Parmi toutes les facettes de l’éducation que mes parents m’ont donnée, la responsabilité de mes actions est sûrement ma préférée. Je les ai vus hésiter, se planter, se redresser et foncer un nombre incalculable de fois, maîtres de leur destin. Ils connaissaient la pression sociale, pourtant je ne les ai jamais vus mettre la faute de leurs échecs personnels sur le dos de la collectivité. S’ils l’ont fait, ils me l’ont bien caché!
Ainsi, c’est acquis : quand je me plante, après avoir pleuré un peu (beaucoup) et gémi un peu (beaucoup), je révise mes stratégies, c’est tout. Cependant, je trouve qu’être parent est difficile et que je manque cruellement de contrôle sur ma culpabilité constante dans ce domaine. Peut-être est-ce parce que j’aime trop mes enfants? Quotidiennement, je dois m’appuyer sur le sourire de mes filles pour me rassurer : tout va bien, elles sont heureuses. Oui, n’est-ce pas? Hum.. Je pense que oui. Pourquoi est-ce que je n’arrive pas à me conforter moi-même là-dessus? Le soir, alors que je termine le fond de mon café froid du matin, je revois ma journée : les moments forts, les petites échappées, les reprises, les re-petites échappées… ça me blesse dans mon sentiment de responsabilité.
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C’est tellement de gestion d’émotions, de tout assumer, que ça devient facile de trouver que c’est de la faute des autres. Tous ces autres qui exigent de moi que je sois parfaite, je ne les connais pas vraiment, mais… ils m’énervent! Pourquoi m’ébranlent-ils avec leurs vies parfaitement organisées? Comment est-ce que j’arriverais à être à leur hauteur? Peut-être que si je m’entraînais…? Peut-être que si je trouvais un travail plus payant que le mien…? Peut-être que si je devenais maman à la maison…? Est-ce que tous ces gens en contrôle qui constituent mon univers virtuel seraient contents? Est-ce que les professionnels du développement qui ont écrit les livres que je n’ai pas le temps de lire seraient fiers de moi?
Alors que ma pensée dérive vers le dépit, c’est mon père qui me ramène à la réalité. Dans ma tête, j’entends : « As-tu fait ton possible? » Oui papa, j’ai fait mon possible. Tout à coup, tout s’apaise. Ces gens qui me mettent de la pression n’existent pas; ils sont des images médiatisées, des généralisations. Ils ne me parlent pas, ils ne me connaissent même pas. Mes parents m’ont appris à assumer mes faiblesses, alors je commencerai ici : inventer des pressions extérieures, c’est une erreur qui vient de l’intérieur. Je prends la responsabilité de ma maternité, je l’assume. Demain, c’est uniquement grâce à moi que je serai encore meilleure maman qu’aujourd’hui.
À demain soir, papa.