Pourtant, dans sa tête, elle connaît bien tous les mots, toutes les réponses, toutes les paroles des chansons. Elle n’a aucun retard de langage ni de développement. À la maison elle parle librement et spontanément.
Mais à la garderie, bloquée. Toute figée dans son petit cuerpo, dans son silence de béton. Elle a du mal à participer aux activités de groupe, elle n’est même pas capable de répondre un simple oui ou non, de dire son nom si quelqu’un lui demande. Elle ne peut pas exprimer ses besoins, si elle a du mal à attacher son manteau, envie d’aller aux toilettes, un bobo quelconque. Les éducatrices doivent deviner, et malgré toute la bonne volonté du monde, avec un groupe de 10 enfants, elles n’ont pas le temps de faire ça!
Le temps passe et rien ne change. On s’inquiète alors. Sa maman est elle-même surprise d’apprendre que sa fille ne parle pas depuis plus de 6 mois, puisqu’à la maison, elle est un vrai moulin à paroles.
Du mutisme sélectif.
Il s’agit d’un blocage de la parole dans certaines situations sociales ou en présence de certaines personnes, et ce, de façon persistante (c’est-à-dire qui dure depuis plus d’un mois).
Le silence, comme moyen de défense. Le silence pour vaincre ses peurs, sa timidité ou son anxiété. Le silence, qui perdure dans le temps, plus fort qu’une simple petite timidité passagère normale et cute chez un enfant.
Le mutisme sélectif, c’est une phobie sociale, un trouble anxieux ou d’adaptation. Une timidité envahissante qui vous englobe, qui vous avale tout entier. Un chat qui vous mange littéralement la langue!
- Tout d’abord, il faut s’assurer qu’il s’agit bien de ça, que l’enfant n’a pas vécu ou été témoin d’un événement traumatisant, une agression, par exemple.
- À éviter à tout prix la phrase classique : « Un chat t’a mangé la langue? » ou autres commentaires du genre. Je sais que ce n’est pas de mauvaise intention, mais pointer le bobo ainsi ne fait qu’empirer les choses.
- Laisser le temps à l’enfant d’apprivoiser les lieux et les gens. Ne pas le brusquer, ne pas le chicaner, le punir devant les autres ou le forcer à parler. Le mutisme sélectif est parfois interprété comme de l’impolitesse, ce n’est pas le cas.
- Commencer avec de petits objectifs, un mot à la fois, un chuchotement, par exemple : « bye » ou « merci ».
- Inviter ses amis à la maison, favoriser les interactions sociales dans un lieu où l’enfant est à l’aise.
- Renforcer les comportements positifs. Récompenser l’enfant s’il fait des efforts.
- Si possible, le parent peut passer du temps avec lui dans le lieu où il fait du mutisme, par exemple dans le local de la garderie ou de la classe.
- Lui faire apporter un jouet de la maison, qu’il pourra montrer aux autres.
- Lui parler indirectement, sans le regarder, sans laisser planer le malaise du silence s’il ne répond pas, c’est moins intimidant comme ça. Autre truc, utiliser une marionnette pour communiquer (inspiration #BeauxMalaises).
- Mettre de la musique qu’il aime, qu’il peut chanter sans s’en rendre compte devant tout le monde.
- Préparer l’enfant à l’avance lorsqu’il fera de nouvelles rencontres. Lui expliquer par exemple : « Aujourd’hui nous allons rencontrer des nouveaux amis à la garderie, tu n’es pas obligé(e) de leur parler aujourd’hui, mais j’aimerais que tu dises comment tu t’appelles si quelqu’un te le demande. Juste ça. »
- Essayer de le faire rire.
- Intervenir sans tarder, ne pas hésiter à demander de l’aide à un professionnel (professeur, éducateur, psychologue, orthophoniste).
- Lire avec l’enfant des livres sur le mutisme adaptés à son âge, bien sûr.