Un jour, tu te regardes dans le miroir et t’aimes pas ce que tu vois. Au lieu de sourire à ton reflet et de chercher le beau, tu vois plus clair, tu vois rien que ce qui est de trop. Ça fait que tu trouves un chiffre, pas trop peu, mais surtout pas trop haut. T’es prête à faire des efforts, pour toi et pour ta santé et tu te dis que ça va bien aller.
Ce jour-là, t’es à mille lieux de te douter de ce qui te pend au bout du nez.
Tu commences en force, t’es motivée. Tu changes tes habitudes et tu te mets à bouger. Pour te guider, sur ton cell tu te mets à compter. Au début, juste pour te donner une idée et, tranquillement pas vite, tout y passe, tout ce que tu vas ingérer.
On te complimente, tu es fière de toi. C’est facile, finalement, faut juste faire des choix. Quelques regards préoccupés ici et là, mais ils s’inquiètent pour rien, tu sais où tu t’en vas.
Puis, les mois passent et ton corps te parle déjà et, malgré tous tes efforts, tu n’y arrives pas. À la base, oui, y’en a qui courent pour plus manger, mais y’en a aussi qui continuent de courir et qui oublient de s’alimenter.
Un petit dernier cinq livres, c’est tout ce que tu veux. En fait, dix, parce que, hein, faut se garder du jeu, mais la balance en a plus qu’assez; le chiffre refuse de baisser. Alors, c’est tout simple, y’a pas 36 moyens : faut courir encore plus et manger encore moins.
Tu en viens à trouver qu’il commence à faire froid. Il fait froid partout, tout autour de toi. T’as beau avoir choisi un endroit où les hivers sont doux, ça manque de chaleur peu importe où tu te trouves.
Tu as même skippé un mois quand tu te mets à y penser, ou peut-être même deux. Ces choses-là, tu ne prends pas le temps de les compter. Ben vite, tu réalises que les mois se sont rapidement accumulés, mais tu refuses de t’y attarder parce que tu savais bien que ça allait finir par arriver.
Tu arriveras au point où tu pourras t’entraîner huit heures dans une journée et, pour ce faire, neuf blancs d’œufs et cinq portions de jell-o sans sucre, c’est tout ce que tu auras mangé. Ça fait 178 calories et ça tu le sais, parce que ces calories-là, tu les as méticuleusement comptées.
Certains matins, ça te frappera et, en pleurant, tu essaieras de trouver quand est-ce que tout ça s’est mis à déraper. Tout ce que tu voulais, après tout, c’est courir et un peu compter.
Pis, à la base, ça devait être pour ta santé.
(À suivre)