(Pour l’introduction, c’est ici.)
« Moi, quand j’étais boulimique, j’me suis rendue à 108 livres. »
Cette phrase-là, je l’ai sortie sans trop d’avertissement à une amie après une journée de magasinage avec nos enfants.
« Attends, là. Tu m’niaises-tu? »
« Non. »
Ces mots-là, c’est encore ben rare que je les prononce. Pas que j’aie honte d’avoir souffert d’un trouble alimentaire, ça fait partie de moi pis c’est correct, mais je sais pas. C’est pas le genre de discussions qui est particulièrement glorieuse non plus, j’imagine.
Quand j’ai mentionné sur le groupe Facebook des collabos de TPL Moms que je désirais parler du trouble alimentaire que j’ai développé, l’une des premières choses que Josiane a écrit, c’est « j’espère que tu vas mieux ». Je n’ai pas su quoi répondre. Je sais jamais quoi répondre quand on me dit ça, au fond. Oui, je vais vraiment mieux, mais y’a des jours où je me demande si on peut vraiment en guérir pour toujours, d’un trouble alimentaire.
C’est tellement insidieux… Quand cela a-t-il commencé? Quand cela a-t-il cessé?
Dans mon cas, je crois que ça a commencé tout bêtement, avec le comptage de calories. Je ne suis pas dans la tête des gens qui utilisent ce genre d’application mais, pour moi, MyFitnessPal a été très malsain. Avec du recul, quand j’y repense, je me dis que ce n’est pas une application qui devrait me dire quand arrêter de manger. C’est la job de mon corps de faire ça, faut juste apprendre à l’écouter. Encore aujourd’hui, quand j’entends quelqu’un parler de cette application, j’ai juste envie de lui crier « FAIS ATTENTION LÀ! ».
Je crois que ça s’est terminé quand mon corps a arrêté de suivre. Physiquement, j’ai atteint un point où je n’avais juste plus l’énergie de courir, alors j’avais le choix : je devais soit accepter de revenir en arrière et de reprendre du poids, ou retomber dans mes patterns et voir où ça allait me mener.
Ça n’a pas été facile, et j’imagine que si j’avais eu encore de l’énergie, ça n’aurait pas été mon premier choix, mais j’ai eu la chance d’avoir été capable de m’en sortir.
C’est aussi dans cette même période qu’est venu le projet de fonder une famille. Je crois que c’est ce qui m’a plus que jamais convaincue que j’avais pris la bonne décision, et l’arrivée de ma deuxième, une fille, n’a fait que renforcer tout cela. Pour elle, j’aspire tellement à être un bon exemple à ce sujet.
En écrivant ce texte, je me suis rendu compte du chemin que j’avais fait et, de plus en plus, j’ai envie de penser que je suis guérie ou, du moins, pas ben loin.
Alors oui, Josiane, je vais vraiment mieux. Je peux dire que les années qui ont passé et l’arrivée de mes enfants ont changé beaucoup de choses, et j’pense que j’suis ok. Aussi, merci, parce qu’avec ton texte, tu m’as enfin donné le goût d’en parler.