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Mes parents sont moins présents que je l’aurais espéré
Crédit: Juan Pablo Serrano Arenas/Pexels

C’est pas facile de s’avouer tout ça. Ça cache beaucoup de culpabilité et de chagrin, et beaucoup de choses que je dirai jamais à mes parents. Je préfère éviter la chicane pour le bien de mon enfant.
 
Mes parents sont des grands-parents décevants. C’est triste, hein? Je ne leur en veux plus, ils sont libres de faire ce que bon leur semble, mais ma déception, ma tristesse, elles, sont bien réelles.  
 
Quand j’ai annoncé mon désir d’enfant à ma maman, elle a laissé tomber ses outils de jardinage. « Voyons donc! Toi? » Son doute venait-il du fait qu’elle ne m’avait jamais vue comme une adulte responsable?  

À quelques mois de mon accouchement, ma mère m’annonce qu’ils quittent pour une croisière de quatre mois. Leur départ est prévu quelques jours seulement après ma DPA.
 
Ils risquaient de manquer l’arrivée du seul enfant de la famille. Ils allaient manquer ses premiers mois de vie  Avec un seul set de grands-parents toujours en vie, je pouvais dire adieu à ces moments de complicité mère-fille qui tournent en boucle à la télé, je pouvais dire adieu à ma tribu qu’on me forçait tant à trouver.
 
Seule avec mon chum, je me suis retrouvée plus d’un soir agenouillée par terre en train de pleurer.  Dans mes bras, mon enfant pleurait autant, sinon plus que moi. Mon chum, à qui je dois ma vie, est devenu mon complice, ma planche de survie.

Je payais une accompagnante post-natale pour venir me consoler quelques heures par semaine avec l’impression d’acheter du réconfort et une présence maternelle.
Si le téléphone sonnait en direct de la croisière, c’était pour me dire de prendre sur moi. Ça passera.
 
Mes parents sont revenus. J’ai fait un gâteau. Ils ont mis quelques jours avant de venir rencontrer le petit. Le soir de la visite, le gâteau était rendu sec, le crémage tombait en morceaux. « C’est Grand-Maman et Grand-Papa » lui répétaient-ils, alors que le bébé poussait des cris et refusait leurs bras.  Je n’ai pas eu le courage de leur avouer qu’il connaissait davantage la femme de ménage qui le prenait tendrement chaque semaine depuis quatre mois.
 
C’était il y a un an.  Les choses changent, mais pas tant. Ils adorent mon fils, ça, je n’en doute pas.  Mais, pour eux, être grands-parents, c’est d’abord et avant tout se gâter, eux, et notre petite famille doit être à leur disposition.
  
Nous faisons donc des ajustements pour qu’ils passent du bon temps avec le p’tit. Leurs visites se font rares parce que traverser la ville, c’est long, nous nous déplaçons donc, quitte à manquer la sieste. Je me mords la langue lorsqu’ils expriment des commentaires racistes ou dénigrants devant mon fils alors qu’il comprend et enregistre ce qu’il entend. J’ai changé de pièce pour allaiter because leur malaise. Nous ne demandons jamais de changer une couche ou de passer à la garderie parce que nous nous sommes faits dire que c’était trop de responsabilités. Et oui, ils leur est arrivé de partir en plein bacon parce que, ben, c’était désagréable.

Nous essayons de faire en sorte que ces rares rencontres soient des moments mémorables pour que le petit garde un bon souvenir de ces gens, qui m’ont pourtant semblé être des géants pendant une bonne partie de ma vie.
 
C’est ça, ma déception. C’est pas ce qu’ils font ou ne font pas. C’est de voir que des gens que l’on a cru être des superhéros soient, en fin de compte, des gens bien humains qui font des choses avec lesquelles on est pas nécessairement d’accord et que, dans la balance des choses, il vaut mieux l’accepter avec toute la tristesse que ça peut apporter.

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