Tout récemment, ma copine donnait naissance à notre enfant. Une naissance qui, à ce jour encore, m’est épique. Au départ, nous avions décidé que l’accouchement se ferait en maison de naissance, nous voulions éviter l’hôpital. Nous nous sommes donc mis sur une liste d’attente dans les trois maisons de la région de Montréal. Après des semaines sans réponse, malgré les relances que nous avons faites, je commençais à déchanter.
C’est même dommage que l’on n’ait pas eu quelqu’un qui nous informe simplement que les listes d’attentes étaient pleines. On nous laissait dans le néant. Allions-nous avoir une place un jour? En discutant avec ma copine, l’idée de finalement aller à l’hôpital n’était toujours pas envisageable et nous voyions bien que nous ne pouvions pas compter sur les maisons de naissance. C’est en relisant ce post, nous avons pris la décision de nous tourner vers une autre alternative : une sage-femme libérale.
Bleu, tu accouches à l’hôpital. Rouge, tu accouches à la maison.
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Ce choix était pour nous une suite logique de nos positions. Autant politique, féministe et antiétatique. En effet, nous trouvions, dans l’approche médicale, que le savoir expérientiel des femmes était évacué. Que l’on n’accorde pas assez de confiance en la capacité de celles-ci à mettre à terme une grossesse. Les interventions sur le corps des femmes représentent pour nous autant de violence symbolique du fait que la médecine a « pathologisé », voire médicalisé, la grossesse. Ainsi, le moindre écart aux normes est susceptible d’entraîner davantage de tests et de contrôles. En plus d’augmenter le stress chez les parents, cela place la mère dans une position de performance vis-à-vis de sa grossesse. Cela génère aussi de la culpabilité si elle n’arrive pas à rencontrer les standards. On voyait donc, dans notre choix, un statement fort qui nous ressemblait.
Nous avons donc préparé notre nid d’amour pour accueillir notre Lou dans ce qui nous apparaissait le choix le plus cohérent face à nos valeurs et nos désirs. Je sentais que l’échec avec les maisons de naissance était finalement un mal pour un bien. Notre sage-femme allait dans le même sens que nous quant à l’idée d’un accouchement idéal.
Les mois précédant le jour « J » m’auront permis d’être en confiance. En confiance face à ma conjointe. La voir porter la vie si bien et voir son corps accomplir cet exploit de s’adapter au fil de la grossesse m’ont fait dire qu’elle serait parfaite pour ce défi. Les rencontres avec la sage-femme auront aussi eu un impact positif sur ma confiance. Je me sentais bien entouré pour assister ma copine. Je sentais que j’avais un rôle à jouer lorsque le temps serait venu.
Le soir où le travail commença, bien que j’étais préparé à vivre ce moment, je ne m’attendais certainement pas à ce qui allait suivre. Quand je suis arrivé du boulot, ma copine avait des contractions assez rapprochées depuis quelques heures déjà. J’étais excité comme un gamin à l’idée que nous allions bientôt rencontrer notre bébé. Nous avons fait les trucs d’usages, à savoir le bain chaud et s’étendre sur le côté gauche.
Après quelques heures où nous constations que le travail avançait, nous avons contacté la sage-femme pour qu’elle se présente. Elle est arrivée au moment où se lève le soleil d’été. Après s’être installée avec son assistante, nous avons passé la journée à tenter de soulager les douleurs provoquées par les contractions. Malgré l’application de points de pression, je me sentais plutôt impuissant devant les vagues de douleur qui déferlaient sur ma blonde. Le jour aura fait place à la nuit sans que bébé n’ait pointé le bout du nez. Au total, les deux femmes auront passé 24 heures avec nous, assistant aussi, comme moi, au travail douloureux de ma conjointe.
Après 36 heures passées en contractions douloureuses et devant le peu d’ouverture du col, notre accompagnante nous a invité à aller à l’hôpital. L’épuisement de ma copine n’allait pas se résorber si l’on persistait à vouloir faire l’accouchement à la maison. La nouvelle m’a secoué. L’espoir que notre Lou arrive au monde dans sa maison venait de disparaître. J’avais aussi l’impression que notre sage-femme venait d’abdiquer, qu’elle nous laissait maintenant à notre sort. J’étais certes déçu, mais pas au bout de mes peines.
À suivre…