Il a fait chaud cet été, une chaleur d’étuve (ou de sauna). Avec la fraîcheur, enfin, vient l’envie de s’enfermer dans un roman qui captive.
Dernièrement, j’ai lu Le guide des saunas nordiques, de Geneviève Drolet, que je m’étais procuré dans le cadre de l’événement « Le 12 août, j’achète un livre québécois ». Or, j’ai eu le goût de vous partager mon expérience de lecture parce que je suis rarement tombée sur un point de vue aussi juste et sombre au sujet de la maternité.
Le sentiment de perte de liberté associé au rôle d’être maman est tabou encore aujourd’hui et mérite d’être exprimé. Emelyne est en voyage dans le nord de l’Europe pour rédiger un guide sur les saunas nordiques. Avec elle, on découvre la culture des thermes. On apprend, par exemple, que la sudation, en Allemagne, se fait nu et en groupe. Hu! Hu!
Chez les Finlandais, c’était bien vu d’accoucher dans un sauna (#FacePalm) jusqu’à la fin des années 30). Aujourd’hui, la plupart approuvent cette pratique à tous les stades de la grossesse.
Afin de rédiger son livre, Emelyne laisse dernière elle sa petite fille Isabella et Benoît, son conjoint. Au fil des expériences de transpiration, elle réalise le malheur qu’elle s’est créé et qu’elle entretient. Benoît ne lui fait plus l’amour depuis l’accouchement, comme si l’enfant s’était placé entre eux, comme si son corps transformé le rebutait. Pourtant, Emelyne reste dans cette relation malsaine (malgré les Elles avec qui il l’a trompe).
La sudation lui procure une sensation éprouvante et apaisante, un peu à l’image de la maternité; bien qu’Emelyne aime sa fille, s’en éloigner la soulage. « Elle s’arrangeait pour leur laisser Isabella […] et partait en ayant toujours l’impression qu’elle pouvait ne pas revenir, et cette éventualité la réconfortait autant qu’elle la traumatisait ».
Le sauna entraîne une perte de contrôle qui la libère. Elle ne choisit pas de lutter contre la chaleur mais la suit. De cette façon, une révolution interne s’opère chez Emelyne qui bouleversera le cours de l’histoire.
Ce que j’ai aimé :
- En apprendre sur les saunas nordiques (et la culture de là-bas) tout en réfléchissant avec Emelyne.
- Le style inventif de l’auteure qui amalgame les mots un peu à la façon de la langue allemande.
- Le regard lucide sur la maternité. Le livre est parsemé de pensées honnêtes. Je vous en laisse quelques idées ici :
« […] mais longtemps, elle a eu l’impression de s’occuper de leur fille pour qu’il en récolte les bénéfices. »
« Les deux adultes caressent le chien, mais ne se caressent pas. »
« Emelyne n’a pas peur de dire à Lui qu’elle déteste parfois son enfant ».
Quelles sont vos suggestions de lecture pour l’automne?