Avant, j’avais pas peur de mourir. Même que j’pensais que j’allais pas vivre très très vieille. Et je me sentais sereine avec ça. Comme si c’était juste « pas grave ». Pourtant, j’aimais la vie, j’avais des rêves pis je faisais c’que j’pouvais pour les réaliser.
J’étais pas téméraire. Je jouais pas avec le feu. C’est juste que j’avais pas de petite crainte dans le fond de ma tête. Celle qui résonne au creux de mon oreille. J’pense que c’était peut-être juste ma façon de faire confiance à la vie…
Sauf que tout a basculé. Pis solide à part ça. La petite voix de cette grande crainte s’est réveillée. Est née en moi cette peur de partir trop tôt. Et je me suis mise à entendre « je ne peux pas mourir ».
Je savais ce qui avait changé : j’étais devenue maman.
Y’avait maintenant plus fort que mes rêves. L’amour trouvait une nouvelle définition. Y’avait aussi plus fort que moi. Plus important que ma propre vie. Qui rendait ma vie tellement plus… importante. Tellement plus… essentielle.
Et parce que des fois, j’me trouve bien mal faite, c’est là que je me suis mise à avoir peur de la mort. Peur des accidents. Peur de la maladie. Peur de ne pas être là. Peur, même, d’être moins là. Je ne peux pas mourir. C’est comme ça que je vois ma vie depuis que j’ai des enfants. Et j’me fais croire que mon rôle me rend invincible. C’est mon mécanisme de défense. Le déni, pas fort, I know.
Invincible pour ne pas être malade.
Invincible pour ne jamais les quitter.
Parce que c’est ma job de les élever. C’est ma job de m’occuper d’eux. Et là, le rationnel embarque et je me justifie. Je ne peux pas mourir parce que c’est ma job de leur faire à souper. De leur apprendre à compter. De faire des lunchs aux mille contraintes. Même un jeudi soir. C’est ma job de les coller. De sentir leurs cheveux. De me lever la nuit pour chasser le loup de son cauchemar. De plier leurs pyjamas en trouvant que le temps passe beaucoup trop vite. Parce que maintenant, ils ne se plient plus en deux, mais en trois.
C’est ma job de leur enseigner ce en quoi je crois. C’est ma job de devenir une meilleure personne, pour eux. De leur donner de l’espoir. De croire assez en eux pour qu’ils comprennent que tout est possible, que tout est à leur portée. À mes yeux, c’est à ça que ça sert un parent.
C’est ma job même si des fois, je trouve que j’en ai beaucoup sur les bras. Même si j’suis brûlée. Même si des fois, je callerais malade. Mais je ne veux pas être malade. J’ai pas envie d’en faire moins. J’ai pas envie de faire du temps partiel. J’ai pas envie d’être mise à pied.
Je l’avoue, j’ai peur. Et faut pas. Parce que cette peur, ça ne fait que me gruger. Faut savoir lâcher prise, faire comme si on avait 20 ans pis croire au destin. Faire confiance à la vie. Parce qu’anyway, c’est elle qui décide de pas mal tout.
Quant à cette peur, j’travaille là-dessus. J’essaye de la voir comme la preuve que, plus que jamais, je tiens à la vie et à ce qu’elle m’apporte. Et donc, d’en profiter. Parce que je suis chanceuse.
Et vous, avez-vous de nouvelles peurs depuis que vous êtes parents?