J’ai toujours été quelqu’un pour qui la performance était très importante. Je devais être reconnue comme merveilleuse et trop hot pour me trouver merveilleuse et trop hot. Le jugement des autres avait une grande influence sur l’opinion que j’avais de moi-même, en bien ou en mal. Pas besoin de me critiquer pour me faire sentir mal ; juste le fait de perdre 5 points dans un examen de mathématiques sur une question dont j’aurais dû connaître la réponse suffisait pour m’empêcher de dormir. Et ce, même si j’avais eu 95 %. Ce 95 %, j’ai tenté de le dépasser toute ma vie, avec tout le monde, dans toutes les sphères de ma vie.
Alors, quand je suis devenue maman, OMG. Allô le potentiel d’échecs de performance à perte de vue. Des normes, des standards, des opinions, des je-ne-faisais-pas-ça-dans-mon-temps, en veux-tu, en v’là. Mille occasions de me sentir inadéquate, insuffisante, pas à la hauteur des attentes de tous et de personne à la fois. Je ne sais pas pour vous, mais moi, avec mon angoisse de performance ambulante, avant d’accoucher de mon premier enfant, j’ai lu plein de livres, je me suis abonnée à tous les forums de mamans que j’ai pu trouver, et je me suis comparée aux autres. Sur le poids que je prenais, sur la méthode d’accouchement que j’avais choisie, sur la déco de la chambre du petit.
Et puis, le bébé est arrivé pour vrai, et tous mes repères et mes certitudes ont éclaté en mille morceaux. Avoir des enfants a été un chemin parsemé de victoires et de beaux moments, certes, mais avec son lot d’obstacles et d’échecs plus grands que nature. Les situations où je me percevais comme inadéquate sont devenues légions : mon allaitement était difficile, le petit ne voulait dormir nulle part sauf sur moi et pas plus de 45 minutes à la fois, ma maison est devenue une éternelle garderie pas propre, j’ai donné la suce trop tôt, trop tard, mon enfant a marché, parlé, fait des casse-têtes plus tard que le voisin, je n’ai jamais perdu le poids pris lors de mes trois grossesses, alouette.
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Mais aujourd’hui, trois enfants plus tard, je réalise que tout ça, ce ne sont pas du tout des échecs. S’occuper de tous les besoins de mini-humains 24 heures sur 24 demande une revue complète de ses priorités. Je n’ai pas été capable de tout faire en même temps, de performer dans tous les domaines, mais j’ai priorisé ma santé mentale et le bien-être de mes enfants à tous les coups. Mon bébé ne dormait que sur moi? Alors je l’ai laissé dormir sur moi, et j’ai dormi en même temps. Mon ménage est toujours à faire? Tant pis, tant qu’il y a de la vaisselle propre pour souper. J’ai eu une journée de fou au bureau? Oui, ça se peut que j’aille chercher un plat préparé dans un restaurant. Et, oui, c’est la solution facile. Mais quand ça veut dire que je conserve le peu d’énergie qui me reste à gérer les chicanes de couleur de verre à eau, pourquoi pas? Je pense sincèrement que ça vaut bien plus que 95 %.
Est-ce que vous trouvez aussi qu’il arrive que nous nous en mettions trop sur les épaules?