Si on demande à ma fille de 11 ans ce qu’elle veut faire plus tard, elle répond sans hésitation qu’elle sera enseignante au primaire. J’imagine comme bien des enfants qui aiment l’école et qui vouent une admiration sans borne pour leur enseignant (parce que c’est la plus fine, la plus belle et la plus cool de toute l’école!).
Si on pose la même question à moi, sa mère, je répondrais autre chose. Je la verrai bien intervenante sociale ou quelque chose du genre, vu qu’elle a un regard et une compréhension de l’âme humaine que bien peu de gens ont dans toute leur vie. Ou plus probablement dans un laboratoire à faire toute sorte de recherches ou d’expériences.
Parce que ma fille aime la chimie, la science et les expériences. L’engouement des derniers temps pour le slime tombe pile dans ses cordes. Le slime, c’est la petite réussite sociale de la cour d’école actuelle, un peu comme les regrettés pugs, tamagotchis et cartes Pokémons de notre propre enfance.
Si vous êtes en contacts réguliers avec un jeune fin-primaire, vous savez ce qu’est le slime. Il s’agit d’une espèce de glue qu’on étire et qu’on manipule pour le plaisir. D’ailleurs, « slime » signifie baveux ou visqueux.
Crédit : Giphy
Bref, c’est un peu dégoûtant.
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Pourtant, ma fille – à l’instar de bien de ses compatriotes – adore cette substance qui ressemble à de la morve fluorescente. Elle peut passer des heures à la manipuler, mais encore plus à essayer de la créer. Elle ne se contente pas des petits kits tout prêts qu’on vend dans les magasins de jouets ou à grande surface. Non, le vrai plaisir de mon enfant, c’est d’inventer sa propre version de slime. Elle suit des youtubeurs qui partagent leurs trucs et elle essaie de sortir du lot.
Elle qualifie ses recettes en catégories distinctes (crunchy, fluffy, visqueuse, collante et celles qui sont un peu ratées). Elle leur donne des noms (Nuage doux, Morve de licorne, Sparkle et Ciel étoilé). Elle note dans un calepin ses meilleures recettes, les ingrédients, le procédé et son analyse du résultat. Lorsque je vous disais qu’elle a sa place dans un labo… Mais elle n’aime pas que je lui dise ça, elle veut enseigner!
Dans sa quête de la méthode optimale, elle les a mises au frigo, les a faites chauffer au micro-onde, les a colorées aux couleurs de l’arc-en-ciel, y a émietté de la styromousse. Sa peau sensible a eu quelques irruptions d’urticaire après avoir forcé la dose sur le savon à linge. Mais depuis un an, son amour du slime n’a jamais faibli.
Mon opinion de tout ça? Des fois je trouve que c’est un peu trop. Surtout quand mon comptoir est sale de ses expériences alors qu’elle avait promis de nettoyer, ou que le rouge du colorant est si présent qu’il tache ma belle table de salon blanche, sans parler de ses mains qui ressemblent à une explosion d’arc-en-ciel. Mais au fond, je suis fière de ma fille et cette passion pour les sciences qui, je l’espère, pourrait la mener loin.
Et si elle finit par enseigner au primaire, ses élèves auront beaucoup de chance de l’avoir comme prof!
Avez-vous aussi des amoureux de slime?