La semaine dernière, ma fille m’a demandé ce que c’était la santé mentale. Parce qu’elle sait que sa maman à une maladie mentale, mais à savoir comment ça marche la maladie ou la santé, c’était toute une question. Du haut de ses 5 ans et demi, elle ne comprend pas encore le bagage que je porte sur mes épaules en tant que personne qui souffre de dépression depuis 7 ans. Elle ne comprend pas ce que c’est la dépression, les maladies, le mental, alors quand on met tout dans le même bain, c’est encore plus compliqué. Ce qui est normal pour elle c’est que chaque matin, je prends des médicaments et que des fois, sa maman est plus fatiguée ou émotive que son autre parent. C’est normal aussi d’entendre sa mère dire qu’elle ne prend pas d’alcool parce qu’elle est malade mentale.
En 2012, j’ai vécu la pire et la plus belle année de ma vie. C’était l’année de la fin du monde, de la grève étudiante, mais surtout, pour moi, c’était l’année où j’ai enfin eu un diagnostic qui expliquait le mal que je vivais depuis le début de ma vie. Il y a un avant 2012 et un après. Un avant ma tentative de suicide et un après.
Un mois à peu près après avoir essayé de mettre fin à mes jours, j’ai été rejoindre ma meilleure amie qui avait essayé de mettre fin à ses souffrances, elle aussi, à l’hôpital. C’est à ce moment-là que j’ai décidé de parler de ma dépression à tout le monde et de comment je n’allais pas bien sur le site de Ton Petit Look. C’est aussi le moment où j’ai décidé de prendre ma convalescence en main parce que je savais ce que c’était que d’être d’être du côté de la personne malade et de l’autre, celle de la personne qui se rend compte que beaucoup de monde souffre. Quelques mois plus tard, je suis tombée enceinte de ma fille et j’ai découvert un amour qui ne pouvait pas venir d’autre chose que de la parentalité.
Mes enfants ne réalisent jamais que leur maman a fait un travail incroyable pour se rendre là où elle est. Que de survivre à sa maladie, de faire des choix pour aller mieux, leur permet d’avoir la même histoire que tout le monde, d’avoir des parents, vivants qui s’occupent du mieux qu’ils le peuvent de leurs enfants.
Quand je regarde le chemin que j’ai parcouru depuis 2012, je suis vraiment fière de voir que je suis capable maintenant d’aller mieux. J’ai des projets stimulants, j’ai écrit un livre sur comment devenir un adulte genre épanoui et un qui s’appelle « Les filles sont-elles folles? ». J’en écris 3 autres et je pense sérieusement que je vais mieux. Je suis fière aussi parce que je peux expliquer que dans la tête de la maman de Dolores, il y a un débalancement chimique qui fait que mon cerveau ne fonctionne peut-être pas tout le temps de façon optimale. Que je suis de nature plus fatiguée que je suis de nature plus triste, mais que je suis très forte parce que je me bats contre quelque chose de plus grand que moi, qui se gère. Mais que la maladie que j’ai ne me définit pas.
Si on me demande comment je me définis, étant donné que je ne me définis plus juste comme une malade mentale. Je peux dire que je suis maintenant une bonne maman, que je suis aussi une chef d’entreprise, que je suis une boss, une femme, une sœur, mais je suis surtout Carolane Stratis. Enchantée!