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À toi homme cis qui n’as pas d’utérus, mais qui as des opinions sur le mien
Crédit: a katz/Shutterstock

Il m’est récemment passé sous le nez un article du Huffington Post France que je n’ai pas pu ignorer. C’était au sujet de la marche anti-avortement qui a eu lieu à Paris ce week-end, le 22 janvier 2017. Comme j’habite en France, j’étais plutôt géoconcernée.
 
Un Vox Pop rassemblait les commentaires de quelques participants qui m’ont mis hors de moi.
 
On y entend des manifestants libérer leur science infuse sur les (mauvaises) raisons qui poussent les femmes à avorter : le fait qu’elles soient peu ou pas informées, la pression extérieure, celle du papa en devenir, des parents, etc. En gros, on infantilise ENCORE la femme en lui rappelant qu’elle est bébête, peu informée et qu’elle n’est vraiment pas capable de prendre une décision par elle-même. NANON. C’est pas elle, là, on l’a forcée!! Si elle avait été mise au courant comme il faut, elle n’aurait jamais fait ça, la pauvre-traumatisée-à-vie.
 
Je sais qu’il ne s’agit que d’un montage de commentaires (de toute façon, entendre tout ce que ces manifestants avaient à dire ne m’aurait sûrement pas fait moins peur), mais sérieusement… 2017, guys…Y’a pas moyen qu’une femme soit capable de prendre une décision éclairée à propos de son petit corps à elle?
 
À la fin dudit vidéo, un charmant monsieur me parle d’avortement de confort. T’sais, celui qu’on fait parce qu’en fait, cet hiver-là, on voulait faire du ski et qu’enceinte on n’aurait pas pu. Selon mes estimations, ce monsieur-là ne semble pas avoir d’utérus. Ni de règles. Il ne semble pas avoir déjà porté la vie en lui ni vraiment avoir accouché d’un joli poupon au bout d’un certain nombre d’heures douloureuses. AND YET, il se permet de juger les raisons de confort qui poussent une jeune fille à avorter.
 
Cher Monsieur,
J’ai avorté à 19 ans. Bin oui. J’étais pourtant dans une relation sérieuse, mais à l’université, dans une ville différente du papa en question.
 
Je n’ai pas de regrets. Pas de remords. Pas de traumatisme. J’ai eu ensuite deux beaux enfants avec mon beau mari gentil, intelligent et tout le reste. Eh oui, j’ai avorté, ça fait 12 ans. C’était une bonne décision pour moi, et la raison qui m’a poussée à le faire m’appartient et est toute simple : je ne voulais pas être maman à ce moment-là. Du luxe, me direz-vous? Non, un droit.
 
Parce qu’on n’est plus au temps de ma grand-mère qui n’a pas eu le choix d’avoir cinq post-partum. Parce que j’ai la chance de vivre dans un pays où l’avortement est légal.
 
Mon exemple se situe dans un contexte français, mais il n’est pas sans rappeler le recul important qui nous pendouille au nez en Amérique du Nord. Aux États-Unis, entre autres, pour ne pas les nommer. 2017, guys. Il est temps que le vent tourne pour les madames. 

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