1 – 1 + 1 = 1
Demandez à n’importe quelle calculatrice, la réponse à cette question sera toujours positive. En aucun cas, ça ne peut donner zéro. Peu importe les parenthèses, peu importe les priorités de calcul, la réponse restera toujours « 1 ».
J’ai de la difficulté depuis quelques mois à mettre des mots sur ce que je ressens. Pourquoi je ne suis pas plus excitée? Pourquoi je ne suis pas plus contente? Pourquoi je ne suis pas plus normale? Puis, j’ai compris. Mon cœur ne raisonne pas comme une formule mathématique, parce que mon cœur n’est pas une calculatrice.
Un bébé dans mon ventre, moins un bébé dans mon ventre, plus un bébé dans mon ventre, ça donne combien?
La réponse c’est un. Ça devrait donner un. Je veux que ça donne un. Mais à moi, ça donne zéro. Ça me donne un ventre plein, mais un cœur neutre.
Une grossesse après une fausse couche dans mon cas, c’est beaucoup de bonheur, mais ça n’efface en rien la peine que j’ai encore d’avoir perdu un bébé.
Même si j’ai été soulagée de voir un petit cœur clignoter à l’écran lors de mon échographie de datation, je n’ai pas pu m’empêcher de me souvenir que, lors de ma dernière visite au département de radiologie, ce n’était pas des larmes de joie qui coulaient sur mes joues.
Même si je commence à remarquer que mon ventre grossit, je ne peux m’empêcher de penser qu’à ce stade-ci, il aurait dû être bien plus gros.
Même si je suis reconnaissante d’avoir un petit bébé sous le signe du Cancer qui s’en vient, à la base, c’est un Taureau que j’attendais. Un bébé qui devait arriver en même temps que les fleurs, pas en même temps que les légumes du jardin de mes parents.
J’ai encore de la peine quand je vois une femme « plus enceinte » que moi. Quand j’entends quelqu’un nommer sa DPA du mois de mai. Parce que ça aurait pu être moi. Ça aurait dû être moi.
Mon bébé, je suis persuadée que je vais l’aimer autant que les autres quand il sera là. Il deviendra lui (ou elle), il aura son propre nom, il aura son propre visage. Il ne sera plus celui d’après, celui qui a suivi, il sera celui qui est là. Il sera tout simplement, au même titre que son frère et sa sœur.