Je suis au courant que la majorité des conseils sont donnés dans un but diligent et que l’intention est d’aider. Cela dit, ça ne permet pas de ne pas penser avant de formuler ledit conseil et de ne pas s’abstenir s’il n’est pas sollicité. Ici, les exemples sont (romancés) même si tirés de la vie de plein de gens qui m’entourent et de la mienne.
Bon, on va tout de suite jouer cartes sur table : j’ai un trouble d’anxiété généralisée. J’ai même un beau papier pour le prouver. Le genre de feuille imprimée qui vient avec médocs et thérapie cognitivo comportementale. Là, si je sens le besoin de l’affirmer (encore), c’est pour expliquer qu’un anxieux, ben ça passe sa vie à se demander : « Coudonc, j’tu folle? ». Alors, une chose est assez sûre : avant de partager mes angoisses, je m’assure de ne pas capoter.
J’aurais des milliers d’exemples de conseils non sollicités et douteux qui me sont quotidiennement prodigués au sujet de mes angoisses, mais bon, aujourd’hui, je me concentre sur mes angoisses de maman et sur les prodigueur.se.s de « bons » conseils gratuits.
Comment reconnaître ces conseils de merde adressés à un parent angoissé?
Mise en situation : vous êtes inquièt.e et envisagez une consultation en développement pour votre enfant de trois ans qui ne parle toujours pas et qui a des fascinations étranges. Vous croisez une connaissance qui vous demande comment vous allez et, tout de go vous répondez : « Ça ne va pas. »
- L’interlocuteur.trice qui vous explique la vie
Ces conseils débutent généralement par un « Moi » ou « Nous », comme dans : «Moi/Nous, mes/nos enfants…». Ces commentaires trouvent leur pendant chez les non-parents. Dans ces cas, « enfant » est remplacé par « neveu », « voisine », « cousin, d’un ami ». Bref, les possibilités sont exponentielles, voire infinies. Il y a même des cas où le chat ou le chien devenait un contre-exemple au problème parental. Le problème, c’est que le conseil est souvent un exemple pas vraiment lié à votre situation et de toute façon, le plus important, c’est que vous ne l’avez pas sollicité.
- L’interlocuteur.trice qui décrédibilise votre détresse
Dans ces cas, il.elle débute par une interjection du type « Ben là! », suivi de votre nom et d’un verbe qui vous retire votre crédibilité, comme dans « Ben là! Cara, tu capotes. » ; « T’es anxieuse, c’est pour ça. » (Revoir le premier paragraphe de ce texte.)
Effet instantané, je n’ai plus de crédibilité et n’ai surtout plus envie de continuer la conversation.
- L’interlocuteur.trice qui remet en question votre jugement
Il.elle formule une question rhétorique un brin condescendante qui débute également par une interjection, du genre : « Ben là, tu vas quand même pas aller à l’hôpital pour ça? En tout cas, moi…» Celui-là, vous avez envie de lui proposer de vivre votre vie deux-trois jours et de revenir vous en parler après.
Récapitulons
En somme, ce qui énerve, c’est d’abord le caractère non sollicité (je répète, je sais) desdits conseils et surtout la manière de les dire. Si le conseil est fait dans la douceur et l’absence de jugement, why not coconut. Cependant, s’il est empreint de condescendance ou de paternalisme, y’a des bonnes chances que ça ne passe pas.
Quand un parent inquiet se confie, la dernière chose dont il a besoin, c’est de se faire remettre en question. Si le parent s’ouvre, c’est qu’il a besoin de soutien émotionnel, pas d’un conseil bricolé sur le coin d’un bureau bancal. Un câlin ou une main sur l’épaule peut faire la job si vous ne savez pas quoi dire.
Oh et fun fact : les interlocuteurs mentionnés plus tôt se transposent dans plein d’autres situations de discussion (féminisme, discrimination raciale, etc.)
Comment recevez-vous les conseils et avis que vous n’avez pas demandés?