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Dada Blaise raconte la fois où son p’tit lui a demandé : « Elle est où ma maman? »
Crédit: Anelina/Shutterstock

Pour beaucoup, le mot « maman » est l’un des plus beaux mots du vocabulaire des enfants. Ce mot englobe une multitude d’émotions, de souvenirs et de sensations spécifiques. Les mères, les mamans, sont formidables, tout le monde le sait. Tout le monde en a une, tout le monde tripe sur les mères et les mamans… sauf quand vous êtes un Gay Dad.

Je la sentais venir depuis un bout, cette question brûlante, et elle est bel et bien arrivée. Il n’y a pas si longtemps, dans la voiture, sur la route enneigée, avec fuck-all avertissements.

« Elle est où ma maman? » m’a demandé mon enfant nonchalamment depuis l’arrière de l’auto, entre deux chansons de Moana.

« Heu… » que je commence sur le ton du gars qui va bullshiter quelque chose sur le fly. « Je ne sais pas Petit Pou. Je la connais pas ta maman.»

Les guides sur l’adoption m’avaient bien prévenu qu’il était toujours mieux de raconter l’histoire de ses origines à mon enfant. Alors il sait qu’en gros, il est né d’une maman, puis il est arrivé dans sa nouvelle famille. Il n’a pas besoin de tout savoir en détail, seulement que sa maman l’aimait beaucoup, mais qu’elle n’était pas capable d’être une maman pour lui.

Le p’tit semble réfléchir un instant, puis il annonce : « Je m’ennuie de ma maman. »

Ouch. Drette au cœur. Pas de demi-mesure, right là où ça fait mal.

Mon p’tit n’a pas connu sa mère assez pour s’en souvenir. Lorsque je lui raconte son histoire à lui, l’image de sa mère est floue, un peu complexe. J’ai tout de même compris ce qu’il voulait me dire. J’ai compris que mon enfant, en prenant de l’âge, est de plus en plus exposé à des portraits de famille « typique ». J’ai compris que, ce qu’il voulait, en fait, c’est la même chose qu’il voit tout autour de lui. Un père, pis une mère.

Je sais que mon p’tit n’est pas négligé sur le plan familial. Il a deux parents, il a grandi dans une famille unie, aimante, chaleureuse, mais sans mère. Mon p’tit va grandir sans avoir de maman. La fête des Mères sera réservée pour ses tantes, ses mamies, les amies de ses parents, mais pas pour sa mère. Est-ce qu’un jour il va me reprocher de ne pas avoir eu ce moment, cette sensation spécifique d’être avec une maman? D’être cajolé, embrassé par une maman? La plupart du temps, je sens que je remplis tout de même assez bien le rôle et que j’ai les caractéristiques requises pour élever mon p’tit, mais est-ce que ce sera suffisant?

Puis l’autre jour, l’enfant d’une amie nous confie que mon enfant est vraiment chanceux, parce que lui, il a un papa pis un dada, que lui il n’a pas de dada, et qu’il aimerait vivre chez nous parce que nous avons une WiiU.  Alors j’ai compris que mon enfant est un enfant, finalement. Que peut-être que ce qui fait que mon enfant voudrait une maman, c’est le fait que tout le monde en a une et que ça a l’air dont le fun

Alors non, je ne peux pas remplacer la mère que mon enfant n’a pas. Rien ne peut compenser le fait qu’il ne connaîtra pas l’expérience d’avoir une maman. Et en même temps, si mon p’tit avait eu une mère, il n’aurait pas eu l’expérience d’avoir deux papas qui l’aiment plus que la vie elle-même.  
 
 

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