J’ai déjà abordé le sujet de mes difficultés scolaires dans un précédent texte : Ptite criss : une étiquette plus lourde qu’un diagnostic de T.D.A.H. J’ai traîné de la patte du primaire jusqu’à la fin de mon secondaire. À l’époque, ma seule ressource était ma mère, lors de mes longues périodes de leçons et devoirs. Ça, c’était au primaire, car au secondaire, j’avais tellement vécu de difficultés que mes batteries étaient vides pour affronter les devoirs et l’étude qui ne finissaient plus. Découragement total!
J’ai 35 ans donc vous comprendrez qu’à l’époque, les troubles d’apprentissage n’étaient pas diagnostiqués. L’accompagnement était inexistant. Maintenant les enfants ont des diagnostics, mais n’ont pas l’aide nécessaire. Nous en sommes pratiquement au même point que dans mon temps!
Voilà pourquoi ça m’inquiète, cette histoire de maquillage des notes! J’ai l’impression que les enfants qui poussent sur les bancs d’école actuellement sont sur la même pente que j’ai déboulée au fil des années.
Et pourquoi? Quand on passe sur les fesses chaque année, il nous manque des notions pour affronter l’année d’après. Il est possible qu’une matière soit moins bien réussie que les autres. Il est normal que l’intérêt et les forces ne soient pas les mêmes partout. Par contre, quand vous passez sur les fesses année après année, ça devient problématique.
Depuis quelques jours, l’excuse que l’on donne au « maquillage » des notes est l’estime de l’enfant. Il ne faut pas qu’ils ne sentent diminué par des notes de passages. Un rouleau de papier bulle pour entourer l’enfant, avec ça?
C’est l’équivalent d’aller chez le dermatologue pour un problème d’acné sévère et ressortir avec une trousse de maquillage! Rien n’est réglé, mais ça va masquer le problème. Vous allez avoir des cicatrices sous votre maquillage, mais ce n’est grave, ça paraît moins.
Un jour le démaquillant arrive et ça se nomme le marché du travail. Votre boss n’est pas votre prof et il n’a pas le mandat de protéger votre estime. C’est là que ça paraît que vous êtes toujours passé.e sur les fesses. Antidote vous aide pour votre français, mais vous devez traîner votre calculatrice en meeting, car vous êtes incapable de faire le moindre calcul mental. Votre estime devant vos collègues de travail, elle prend une claque.
Le maquillage sur les bobos, ça ne donne rien. On ne fait qu’oublier le problème et causer des cicatrices qui seront bien difficiles à camoufler une fois adulte.
La solution? Ce sont des services adaptés pour les enfants qui sont en voie d’accumuler un retard ou qui ont un trouble d’apprentissage. Peu importe que ce soit en raison d’un diagnostic ou d’une mauvaise phase. Le divorce des parents, le décès d’une personne chère, l’intimidation, sont tous des facteurs qui peuvent jouer sur la concentration d’un enfant en classe et à la maison lors de la période de devoirs.
Soyons francs, actuellement, les enseignants n’ont pas les ressources nécessaires pour accompagner ces enfants. Ils ont une trentaine d’élèves devant eux avec leurs histoires, leurs problématiques, leurs forces et leurs faiblesses. Plutôt que leur offrir une trousse de maquillage, donnons aux professeurs les allié.e.s nécessaires pour accompagner leurs écoliers.
La solution pour que les parents soient contents, que les écoles soient félicitées pour leur rendement et que les enseignants soient heureux de retrouver leur classe chaque matin, elle est là. Un investissement, supérieur aux coupures des dernières années, est nécessaire!
Les gagnants seront les enfants à qui il est impératif d’apprendre que les échecs n’ont pas à être maquillés, mais plutôt à être transformés en réussite, et que demander de l’aide quand on n’y arrive pas, c’est noble et non une honte qu’il faut cacher.