« Oh non, pas encore! » C’est ce qui est sorti de ma bouche quand mon chum m’a lu la manchette qui annonçait l’attentat hier soir. Nous avons allumé la télé pour écouter le Téléjournal, en sachant presque à quoi nous attendre. C’est terrible d’en être rendus là.
Puis, les images des parents espérant voir leurs enfants à la sortie du concert me sont rentrées dedans. Ça aurait pu être moi, mes filles ayant l’âge des spectateurs.trices. Dans ma tête, ça s’est mis à débouler : si ma grande me demande d’aller à Osheaga cet été, qu’est-ce que je dis? Le Jazz, les Francofolies, tous ces festivals, ces grands rassemblements, la sécurité est-elle adéquate? Y aura-t-il des détecteurs de métal? Et la police, et les pompiers? Stop! Je ne veux pas me laisser entraîner là, où ceux.celles qui commettent ces attentats espèrent nous amener, dans la peur et la crainte.
C’est difficile, car quand il s’agit de mes enfants, tout devient si émotif, viscéral, juste d’imaginer qu’il pourrait leur arriver quelque chose de mal me tord le ventre. Mais je lutte pour ne pas céder à ces sentiments et à la haine qu’ils peuvent engendrer. Je ne veux pas ça pour elles. Et même si j’angoissais à n’en plus dormir, ça changerait quoi au fond? Je ne mettrai pas mes filles sous une cloche de verre!
Quand des tragédies comme celles-là se produisent, l’impression d’impuissance me frappe toujours en plein front, surtout par rapport aux enfants du monde entier. Nous, parents, avons beau avoir l’instinct protecteur le plus aiguisé de la Terre, on ne peut pas les protéger de tout. C’est vrai pour les bombes posées dans des arénas (je ne peux pas croire que j’écris ça, le cœur me fend). C’est vrai aussi pour les tout petits drames du quotidien : une chute, une méchanceté, un stress, on ne peut pas les protéger de tout, tout le temps. Penser à la vie de tous les jours et son lot d’incertitudes peut être une façon de rétablir un certain équilibre dans nos angoisses parentales. Même si parfois je rêve de rouler mes enfants dans du papier-bulles, je ne le fais pas parce qu’au-delà de la peur, il y a la confiance, la tenace, inébranlable et infinie confiance que tout ira bien. Je les aime tant, ça ne peut faire autrement.
Les parents des victimes de Manchester se disaient sans doute la même chose. Je pleure avec eux aujourd’hui, mais je continuerai de laisser mes filles aller à des concerts malgré la peur. Cette peur, je la côtoie depuis qu’elles sont venues au monde, je refuse de lui laisser trop de place.
Paix et amour.
Ce soir, notre cœur et nos pensées sont dirigés vers les familles des 22 personnes décédées et aux 59 blessées, tou.te.s victimes de ce terrible attentat.