En sortant de l’échographie, nous étions euphoriques, mais aussi déroutés. Nous avions le pressentiment que notre enfant à naître serait un garçon. On était tout de suite tombé d’accord sur le nom qu’il allait porter. Or, c’était une petite fille qui allait se pointer le bout du nez quelques mois plus tard.
Le choix du prénom de notre fille ne s’est pas fait facilement. Il y a eu beaucoup de temps passé en réflexion et en discussion. D’abord, on avait des critères bien particuliers. On voulait un prénom à consonance française et relativement classique. Portant tous deux un prénom fort populaire dans les 80’s, l’originalité était aussi en tête de liste. Je ne voulais pas que ma fille ait dans sa classe une autre personne avec le même prénom ET nom de famille comme je l’avais vécu (croyez-moi, c’est parfois un vrai casse-tête). Finalement, on ne voulait pas d’un prénom composé.
Ce qui fait que sur la liste de nos coups de cœur respectifs, il n’y avait aucune correspondance. Alors que je suggérais Alice, mon copain préférait Sophie. On était dans une impasse et pour une raison inexplicable, on devait ABSOLUMENT choisir le prénom de ma fille avant l’accouchement.
Dans un élan de générosité, les gens se sont mis en devoir de nous aider. C’est quotidiennement que je recevais des suggestions, allant des discutables à celles carrément farfelues. Je passais aussi beaucoup de temps libre sur la banque de prénoms de la RRQ, éliminant d’emblée tout ce qui était dans le top 20. Mais aucun prénom n’allumait une étincelle de satisfaction. Qu’il était difficile à trouver, ce prénom « français-classique-mais-original-et-pas-composé »!
Puis, un dimanche pluvieux de mai arriva la grande révélation. Je ne me souviens même plus lequel de nous deux a fait cette suggestion. Mais nous sommes tombés d’accord et étions convaincus avoir trouvé le prénom idéal.
Laurence : À la fois classique et relativement peu attribué en 2007 (il était classé au-delà du 30e rang à la RRQ). Doux, poétique, et pas composé. Il était parfait.
Peu à peu, mon entourage a utilisé ce prénom pour désigner ma fille. Le fait de la nommer lui donnait une importance capitale, comme si elle vivait déjà parmi nous. Lorsqu’elle s’adonnait à une séance de kick-boxing dans mon ventre, je lui murmurais « Doucement, ma belle Laurence ».
Juillet arriva, m’entraînant tout prêt du terme. Avant la fin des chaleurs, notre Laurence serait là. Enceinte jusqu’aux oreilles, je n’ai toutefois pas manqué le BBQ annuel de la plus vieille amie de ma mère, celle qui est un peu comme ma deuxième maman. C’est tout amusé qu’elle nous présentât à sa nièce (Geneviève comme moi), son conjoint (Patrick – idem) et leur poupon de quelques mois prénommée… Laurence!
J’ai voulu pleurer (ha! Les hormones…). Moi qui croyais avoir mis la main sur le prénom idéal, j’avais sous les yeux toute une famille qui allait s’appeler exactement comme la mienne! Et ça ne me faisait pas rire du tout! J’ai ressorti mes livres, je suis retourné flâner à la RRQ, au grand dam de mon copain. Je lui en parlais fréquemment, un peu comme une obsession. Lui ne voulait pas revenir sur notre décision. J’étais triste car au fond, je sentais que ma fille devait être une Laurence, mais je refusais de lui donner ce prénom pour toutes sortes de raisons absurdes.
Et alors, ma sœur (animatrice dans un camp de jour pour l’été) m’a parlé d’une fille de son groupe débordante de vie avec une personnalité vraiment attachante. Elle s’appelait Marie-Laurence. Après réflexion, je trouvais une consolation et un doux compromis dans l’association de ces deux prénoms. Et j’étais prête à renoncer à mon dernier critère de sélection. Lorsque je l’ai suggéré à mon copain, il a souri avant d’ajouter catégoriquement : OK, mais on ne change plus d’idée!
Et c’est comme cela que notre douce et gentille Marie-Laurence a reçu son prénom. Elle connaît toute cette histoire, mais me demande parfois de lui raconter à nouveau. Près de 12 ans plus tard, je suis convaincue que je ne pouvais pas lui choisir un nom « français-classique-original-ET-composé » plus approprié! En plus, elles ne sont que quinze Marie-Laurence nées en 2007! À l’école, elle est la seule et unique Marie-Lo.
Quelle est l’histoire du prénom de vos enfants?