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J’ai grandi sur la Rive-Sud de Montréal. Je suis du débat : vivre en ville ou en banlieue. La région? Connais pas! Bon d’accord, à l’âge adulte, j’ai daté un Trifluvien, puis un Thetfordois et j’ai fini avec un Rimouskois. Que voulez-vous !? Il faut croire que les Montréalais n’étaient pas assez exotiques pour moi. Peut-être que c’était un présage aussi, qui sait!
Tout ça pour dire qu’après avoir vécu ma parenthèse de jeune adulte qui vit en ville à rentrer chaudasse d’un bar en taxi, passer mes dimanches matin à flâner au Marché Jean-Talon et combattre les canicules dans les piscines publiques de Montréal, mon conjoint et moi-même avions décidé de prendre racine dans la ville où j’ai grandi, sur la Rive-Sud de Montréal. Nous voulions de l’espace, garder nos emplois stimulants dans nos domaines respectifs et s’assurer d’avoir une paire de grands-parents proches le jour où on aurait des enfants.
Mais voilà que 8 ans et deux enfants plus tard, quelque chose qui s’appelle la COVID arrive dans nos vies et perturbe tous nos repères. Enfermés dans nos maisons, la priorité devient soudainement notre bulle familiale et on est placés en télétravail forcé. Dans mon cas, le premier confinement de presque 4 mois s’est fait en plein congé de maternité, avec deux enfants en très bas âge à la maison avec pour seule activité permise hors des murs: prendre des marches! Je ne sais pas pour vous, mais on en a-tu fait des kilomètres à pied au printemps 2020! Tellement que notre quartier immédiat a fini par nous sembler beige et nous nous sommes déplacés près de la rivière pour changer le paysage.
C’est là où tout a commencé pour nous. D’abord, mon chum qui aborde le fait qu’il caresse le rêve d’habiter sur le bord de l’eau. Décidément, tu peux sortir le gars du fleuve, mais tu ne peux pas sortir le fleuve du gars! Puis, les nombreuses conversations sur le fait que notre maison, notre quartier et notre ville ne correspondent plus tant à ses valeurs et ses besoins. C’est le début d’une longue remise en question pour notre couple et cela ne nous quittera plus. Après avoir exploré toutes les options de bord de l’eau sur la Rive-Sud, puis abandonné ce projet; après avoir magasiné toutes les banlieues et élaboré tous les plans, nous sommes arrivés au même constat que plusieurs : il y a une bulle immobilière monstre et améliorer notre sort est peu réaliste dans les circonstances.
Puis, l’éléphant dans la pièce est nommé. Pourquoi ne pas aller vivre à Rimouski? Le sujet que j’évitais. Me retrouver à 600 km de tout ce que je connais, de tous CEUX que je connais (à quelques exceptions près) alors qu’il n’en avait jamais été question en 11 ans de relation… c’était la situation que je cherchais à éviter. J’entendais bien que pour lui, c’était l’espoir d’un retour dans la ville qui a bercé son enfance et qui le fait encore rêver… mais je ne voyais que le fait que, pour moi, c’était une décision sans appel qui comporte beaucoup de risques avec très peu de réelles certitudes. La peur du précipice. C’est beau le concept de vivre en région, vraiment génial sur papier. Mais quand la ville en question est à 6 heures de voiture, sauter dans le vide est très contre-intuitif.
Le vertige a duré près de 2, 3 ou peut-être 4 mois, je ne pourrais même plus le dire. De lourdes discussions sur l’avenir de notre famille, toujours sur le fil entre son bonheur et mon courage. Celui de quitter ma job, ma région, mes amis et ma famille, avec l’espérance d’aller vivre en région, près de la nature et de la tranquillité d’esprit. Et, avoir un peu plus d’argent dans nos poches pour nous offrir une belle maison et des voyages outremer à vivre en famille. Je sais, dit comme ça, j’ai l’air tellement égoïste d’hésiter, mais qui peut se vanter d’être capable de changer sa vie au grand complet sans sourciller. Je les ai d’ailleurs consultés ces quelques personnes de mon entourage qui avaient choisi leur destination sans égard à leur lieu d’origine. Elles ont été mes premières inspirations.
J’ai quelques fois manqué de souffle quand je m’imaginais loin de mes amis et de ma famille de qui je suis très proche. Leur annoncer notre projet a été difficile pour moi. J’avais l’impression de leur arracher l’accès à mes enfants, à ma famille. Mais ils ont, dans l’ensemble, assez bien réagi. Même trop bien! Tellement qu’à un moment donné, j’étais au bout de ma période de consultation et je devais prendre une décision. Au 31 décembre 2020, ultimatum que je m’étais moi-même fixé, j’ai répondu à mon conjoint par l’affirmative.
J’avais dit oui à un projet sur un horizon de 2 à 3 ans, mais dans les faits, un an plus tard, nous montions notre sapin de Noël dans notre maison rimouskoise. Mais ça, je ne le savais pas encore. À la fin de l’année 2020, cette fameuse année maudite (!), j’acquiesçais au projet le plus fou de ma vie sans conviction autre que j’allais faire plaisir à l’homme de ma vie et que je prenais une sage décision pour ma famille. J’avais une seule certitude, celle que l’idée de vivre en région me plaisait et que Rimouski avait tout ce qu’il fallait pour nous (me) plaire.