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Quand l’hypocondrie s’installe tout autant que les virus…
Crédit: Ksenia Chernaya/Pexels

O.K.
Faut qu’on en parle, de l’hypocondrie; ce nouveau mal qui m’assaille, depuis quelques semaines. Faute de germes. Faute de vieillissement débilitant. Faute de lassitude cumulée par la parentalité, day to day.
Maudite bibitte purement mentale.

O.K., me dis-je en boucle, quasi K.O.
Attache ta ceinture. C’est loin d’être fini.

Et oui, les microbes font leur grand retour, avec le déconfinement tant espéré. Cadeau de la garderie et des nouvelles amitiés.
Or, je peine à reprendre le dessus.

Dès qu’il y a espoir de santé à l’horizon, un nouveau bobo martèle le petit corps de mes cocos… et le mien par la bande, parce que je les aime beaucoup trop.

COVID, rhume, rhume 2.0, gastro, tourista, mastite, rhume no. 499, pneumonie…
Petit résumé de nos 90 jours derniers.

O.K., soupire-je. Un jour à la fois. Je me parle.
Pas le choix.
J’enfile mes gants de boxe et mon sarrau. Je sors le stétho et le thermomètre.
J’attends, bien involontairement; une complication, une nuit de bordel, un revirement de situation. C’est plus fort que moi. Y en n’aura pas de fin, à notre ère microbienne.

O.K., fille. Ressaisis-toi.
Ça, je me le répète mentalement, comme une incantation, depuis quelques semaines, question de me ramener à l’instant présent. Bête-bête anxiété, qui me projette toujours en avant.

Je me fouette un peu, me gifle les joues, dans l’espoir de reprendre le contrôle de mon corps et de mon ciboulot.
J’en ai plein le goulot, du Sinus Rinse, du Gatorade et des nuits d’horreur.
J’en ai plein mon casque, des microbes post-masques. Tellement, que j’en viens à m’imaginer le pire scénario. J’en perds mon rationnel et mon latin.
Ad nauseam.
Voilà la seule palabre qui me reste, de cette langue morte. Et moi, je meurs de trouille au moindre soubresaut gastro-intestinal émis par le fruit de mes entrailles. Je me vois morte, ratant l’existence de mes enfants, gracieuseté d’une infection qui a pris les devants. Parce que mes réserves personnelles sont quasi à sec. Comment survivrai-je à la prochaine vague bactérienne ?

Un ganglion d’aisselle devient rapidement leucémique.
Je fabule sur une série de tests requis.
Je m’imagine alors pleurer, sur mon lit d’hôpital, en train d’organiser mes propres funérailles. Qui mouchera le nez de ma marmaille?

Je ne me reconnais plus, tant la fatigue et l’anticipation ont pris le dessus. Faire la guerre aux microbes, c’est me décapiter de ma raison?
Je capitule, devant l’immensité de la charge virale.
Je suis lasse de remplir des mouchoirs de
mucosités, de me palper, de cuisiner des soupes et de ramasser des déjections.
J’en ai ras le bol de me demander si demain, je serai fonctionnelle ou si je devrai me désorganiser autour d’un énième microorganisme entré chez nous par intrusion.

Je suis éreintée, déréglée par tous ces pathogènes qui se paient notre tête et font la fête dans notre maisonnée.

J’en suis donc venue à cette conclusion, que je couche sur papier virtuel, question d’en faire un serment textuel:
La santé n’est pas acquise. Fait.
Mais elle n’est pas non plus maître de mon quotidien.
Elle est certes labile, imprévisible et inestimable.
Elle bousille parfois certains plans, lorsqu’elle fout le camp.
Mais elle n’est pas l’ultime responsable de notre bonheur familial.
Terminée, l’attente du bien-être pour se sentir bien.
Finito, les pensées pessimistes en matière de microbes et d’anticipation; la mère de toutes mes déceptions.
Je n’attends plus la santé de tous, pour apprécier l’instant présent.

Et la beauté dans tout ça, c’est que nos enfants trouvent toujours le moyen de sourire entre deux salves de vomi. De courir à toute jambe, entre deux toussotements. De faire des culbutes clownesques entre deux poussées de fièvre.

Aussi bien se laisser contaminer par leur joie de vivre et leur résilience sans faille.
Voilà quelque chose que je souhaite enfin attraper. 🙂

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