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La nuit où je me suis rendu compte que je trouvais ça difficile d’être mère
Crédit: Zohre Nemati/Unsplash
Mon premier enfant a été « relativement » facile et j’ai fait l’erreur, courante, de penser qu’après ça, je savais comment ça marchait, les bébés. J’étais pleine de confiance lorsque mon deuxième est arrivé. Je ne savais pas ce qui me pendait au bout du nez en termes de difficultés. J’ai réussi, pendant deux ou trois mois, à gérer les obstacles les uns après les autres, calmement. Je suis assez zen de nature, fait que je me sentais quand même bien dans la situation. Même si j’étais de moins en moins en contrôle. Reflux gastrique, refus de juste respirer ailleurs que dans mes bras, pleurs d’une intensité et d’une durée improbables. J’étais capable.
 
Et puis à un moment donné, j’ai dû passer deux heures à faire des mouvements circulaires semi-incantatoires avec mon fils dans les bras entre 2 h et 4 h du matin. (Sérieusement, c’est la seule chose qui me donnait un peu l’impression de lui faire du bien.)  Et au moment où j’avais droit à une pause-dodo d’une durée aussi indéterminée que probablement trop courte, j’ai eu un éclair de lucidité, alors que je me posais cette fondamentale question : « pourquoi je suis fatiguée de même? »

Je trouve ça difficile, parce que C’EST DIFFICILE.
Y’a deux larmes qui m’ont roulé sur les joues, pis je me suis dit que j’avais le droit de capoter. Mon chum – son propre père  – ne pouvait même pas prendre notre bébé dans ses bras sans déclencher d’explosions émotives dignes de scènes d’horreur. Genre équivalent à la réaction que j’imagine d’un enfant qui voit sa mère se faire assassiner par un fou sanguinaire avec une scie mécanique (et j’exagère à peine).
 
J’étais le seul recours possible pour mon fils. J’avais été, depuis sa naissance, la seule option. Et je cherchais désespérément des trucs pour soulager un pareil mal de vivre, sans succès. Que le quotidien soit rushant, c’est une chose. Avoir l’impression d’être la seule personne à pouvoir régler le problème (et ne pas réussir, surtout), c’en est une autre.
 
Heureusement, le reflux gastrique, ça finit par passer. Les pleurs sont devenus moins fréquents avec le temps, et mon fils a pu reconnaître son père comme un être qui méritait sa confiance. C’est là que j’ai vu l’étendue de mon pouvoir. J’avais survécu. (Plus tard, j’ai lu quelque chose sur les BABI… pis heu, j’ai compris des affaires.) J’ai trouvé ça confrontant, cette période-là. Aimer ma vie de mère, mais la trouver insupportable. Avoir tellement hâte que mon bébé grandisse. Et rester bouche bée devant les matantes et les mères qui ont des enfants juste un peu plus vieux : « Profitez-en, ça passe tellement vite! »
 
Finalement, ç’a été la première étape de l’acceptation. J’ai le droit de trouver ma situation difficile, pis la maternité, ce n’est pas tout le temps une belle grosse bulle d’amour et de sourires gaga. Pis je pense que quand on se dit ça, c’est plus facile d’aller chercher de l’aide au besoin.
 
Ça vous arrive de penser que les autres parents ne vous comprennent pas? De penser que pour votre enfant, le monde finit après vous? 
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