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J’ai choisi de ne pas allaiter et j’ai été jugée par l’équipe médicale de l’hôpital où je venais d’accoucher
Crédit: Pexels

« Tu n’as pas fait le choix le plus approprié pour toi ; tu as fait le choix le plus facile. » Ce sont les mots prononcés par un membre de l’équipe médicale dans ma chambre d’hôpital, le lendemain de mon accouchement. Je venais de lui dire que j’avais décidé de tirer mon lait maternel et de donner du lait maternisé à mon fils au lieu d’allaiter exclusivement. Voici mon récit d’accouchement et voici aussi pourquoi j’aurais voulu allaiter, mais qu’il en est autrement (par choix, en fonction des circonstances).

Le 16 février, à 23h, je me suis réveillée en sursaut. J’étais enceinte de 39 semaines et 6 jours et en principe, j’aurais dû être provoquée pour accoucher 8 jours plus tard. Dan et moi étions couchés depuis à peine 15 minutes et étions au seuil du sommeil. Je me suis levée du lit d’un coup, me hâtant vers la salle de bain, mais je n’ai même pas eu le temps de m’y rendre que je perdais les eaux.

À la vue de la quantité de liquide que je perdais, ça ne pouvait pas être autre chose. J’ai appelé à la salle d’accouchement de l’hôpital où je devais donner naissance. On s’y est rendus aussitôt – je perdais encore mes eaux dans l’auto, sur le chemin de l’hôpital, dans le corridor de l’urgence jusqu’à mon arrivée à l’unité des naissances.

Vers 23h, j’étais dilatée à 2 cm, comme c’était le cas depuis les trois semaines précédentes. Puis, ça a été plutôt rapide : j’étais à 6 cm trois heures plus tard (c’est pas mal là que je me suis décidée à demander l’épidurale…) puis à 10 cm trois heures après. J’ai donc commencé les poussées à 6h30, le lendemain de mon arrivée; je m’endormais entre chacune d’elles.

J’ai donc accouché le 17 février, jour de ma fête de 30 ans, à 40 semaines de grossesse pile. J’étais émue, secouée, émerveillée et je venais de vivre plus d’émotions en quelques heures que je n’en avais jamais vécues auparavant. J’étais en train de vivre le plus bel événement de ma vie, le plus grand, le plus émouvant, le plus intense. Le plus vrai.

Mais je devais faire face à de la pression considérable parce que l’allaitement, qui était mon plan initial, ne fonctionnait tout simplement pas pour une variété de raisons physiologiques ou non. Mon fils avait la lèvre inférieure légèrement reculée vers l’intérieur de sa bouche et il avait de la difficulté à prendre le sein. Ça lui causait de la frustration et ça me rendait inconfortable. J’aurais tant voulu que ça marche, mais après plusieurs essais, ça ne marchait tout simplement pas. Et parce que l’allaitement ne fonctionnait pas, je me sentais incapable, incompétente, rabaissée, jugée. J’avais peur d’être mauvaise, de ne pas être à la hauteur.

Nous aimions ce petit être, qui était avec nous depuis peu, plus que tout au monde. Nous l’aimions depuis la seconde où nous avions su, le jour de la fête des Pères, que j’étais enceinte. Nous voulions le meilleur pour lui et savions que peu importe le choix que nous allions prendre pour son alimentation, nous allions faire le bon.

Étant donné les circonstances, j’ai donc choisi de tirer mon lait maternel et de compléter l’alimentation de Logan avec du lait maternisé; choix qui nous semblait juste et qui nous convenait parfaitement. Mais aux yeux de certains membres de l’équipe médicale, ce n’était pas assez.

Pour que ça soit bien, il aurait fallu que je performe, que je persévère, que je continue les essais jusqu’à ce que ce soit concluant. Aurait-il aussi fallu que je me surpasse, que je dépasse mes propres capacités et celles de mon enfant? Je préférais de loin alimenter plus facilement mon enfant en le faisant quand même bénéficier des bienfaits de mon lait et pouvoir prioriser nos rapports, nos liens et nos rapprochements.

Mais ce n’était pas assez et « il ne fallait pas abandonner ».

Mon fils aura bientôt un mois. Je le nourris toujours en tirant mon lait et en complétant son menu par du lait maternisé. Il s’en porte très bien, a une bonne prise de poids et une bonne croissance. Mais par-dessus tout, on lui donne tout l’amour, le dévouement et l’attention dont il a besoin.

Avez-vous déjà choisi une option qui ne convenait pas au corps médical?

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