Mes enfants attrapent toutes les petites maladies (pas graves, heureusement, mais chiantes) qui passent. Pour preuves, je tiens des statistiques très précises de leurs petits maux. Dans les 12 mois qui ont suivi l’entrée de mon aînée à la garderie, j’ai compté 13 rhumes, 4 otites, 2 gastros et la roséole. Cette période de grand bonheur s’est conclue par un épisode de convulsions fébriles dû à une montée de fièvre rapide. Nous avons ensuite eu quelques mois de répit et nous avons alors cru un instant à l’adage qui dit que c’est la première année de garderie qui est la pire. Nous nous trompions.
La ronde des rendez-vous chez le médecin a vite repris, et en quatre mois nous avons eu droit à quatre otites, deux pneumonies, la scarlatine et l’influenza. En fait, ces quatre mois-là, ma fille les a passés sous antibiotiques. Tellement que lorsqu’on la touchait, des plaques rouges apparaissaient sur sa peau, faute d’une flore bactérienne cutanée en santé pour la protéger. Par moment, elle ingérait plus de médicaments que de nourriture. En avril de cette année-là, elle s’est fait opérer pour des tubes dans les oreilles, magie de la médecine qui fait que maintenant, tout rhume ne se transforme pas nécessairement en otite (ai-je dit « pas nécessairement »?).
Entre temps, j’ai accouché d’un adorable petit garçon qui a rapidement pris la bonne habitude d’attraper tous les virus que sa grande sœur ramène de la garderie. À part la ponction lombaire à deux mois à cause d’une fièvre inexpliquée et un épisode de gastro familiale juste avant Noël, je retiens surtout la semaine où mes deux enfants ont eu la pneumonie en même temps. Ma grande était non seulement sonnée par la fièvre, mais elle était saoule de télé (connaissez-vous le jeu : Combien d’épisodes de Pat’Patrouille un enfant peut-il écouter avant de devenir zombie?). Nous ne trouvions pas d’autre solution que de la mettre devant un écran, alors que nous avons passé trois nuits entières à bercer son frère au rythme de sa respiration haletante. J’étais épuisée. Et l’inquiétude me mordait le cœur.
C’est cette inquiétude, qui ronge. Oui, il y a les nuits écourtées, les absences au travail, la routine chamboulée. Mais l’inquiétude, celle qui résonne dans le ventre à chaque quinte de toux, celle qui fait frissonner à chaque montée de fièvre, cette tension alarmée qui envahit tout le quotidien, c’est elle qui épuise, et qui me décourage.
Cependant, j’ai pleinement conscience que mon expérience est tellement insignifiante par rapport à ce que vivent les parents d’enfants très malades. J’admire leur courage face aux épreuves de la vie.
Comment apprendre à vivre avec une inquiétude qui doit être permanente et qui fait qu’on n’a jamais le cœur tranquille? Est-ce qu’être parent, c’est aussi apprendre à soutenir ce désarroi, à l’apprivoiser et à le transformer en force battante, une force qui permet de prendre le quotidien à bras le corps, et de mieux être en mesure de goûter les moments de douceur et de calme? Oh la la, je sens que j’ai encore tout à apprendre.
Comment vivez-vous avec les petits maux de vos enfants?