Allaiter en public: pourquoi faut-il encore se battre pour normaliser ce qui est normal?
Veronique AsselinN’y a-t-il pas un geste plus naturel que celui d’une mère qui nourrit son enfant? Je ne le crois pas. Pour la petite histoire, j’ai allaité ma fille pendant presque un an. P-A-R-T-O-U-T. Dans les salles d’allaitement des centres commerciaux, oui, mais aussi dans des endroits presque inusités (allô la chaise droite du Starbucks au milieu d’illustres inconnus ou les banquettes de restos bondés le dimanche matin).
Quelqu’un me regarde?
Alors que j’accomplissais l’acte nourricier, je n’ai jamais senti que cela n’avait pas sa place dans le lieu où je me trouvais. Bon, peut-être que certaines personnes m’ont regardée avec un air curieux, soit, je n’en sais rien. Je crois que j’étais simplement dans un état second pendant ces minutes de grâce, où mon seul désir était celui d’un enfant bien repu, prêt à poursuivre sa petite vie de bébé.
Je n’avais alors AUCUNE conscience du regard extérieur et pour moi, si mon enfant avait faim, il devait manger maintenant. Peu importe où! Au même titre qu’on traîne mille et une collations pour nos bambinos lorsqu’on part de chez soi! Simple, non? Je ne me suis même jamais demandé si mon geste (allaiter en public) était anormal. Aurais-je dû? Que nenni!
Cela dit, je comprends et respecte tout à fait que certaines mamans préfèrent allaiter dans l’intimité, il faut quand même se découvrir un minimum! Avis aussi aux voyeurs.ses inappropriés.es : il existe de nos jours plusieurs manières de ne pas se dénuder le buste complètement; peu de chances que vous vous rinciez l’œil!
Normaliser la normalité
Incroyable, mais vrai : nous devons encore normaliser… la normalité de la vie qu’est de se nourrir.
L’histoire de la semaine dernière dans un centre commercial du centre-ville de Montréal laisse présager que nous avons toujours du chemin à faire quant à la sensibilisation, à la promotion et surtout à la normalisation de l’allaitement en public au Québec. Tout ça à cause d’individus probablement peu conscients de la portée de leurs commentaires déplacés, voire arriérés.
Pour faire une histoire courte, au cas où vous n’en avez pas entendu parler, une maman qui allaitait son bébé au Centre Eaton de Montréal s’est fait demander d’arrêter par une agente de sécurité qui jugeait qu’il s’agissait là d’un geste « intime et privé ». Vous pouvez lire davantage sur cette histoire dans Le Devoir.
Quoi qu’il en soit, merci à cette femme héroïne, qui s’est levée et a parlé au nom de toutes les femmes qui ont déjà reçu des regards et des commentaires réprobateurs alors qu’elles allaitaient en public. Toutes ces femmes qui ne veulent que nourrir leurs enfants en paix, sans avoir à se poser de questions ou à se sentir inadéquates.
Continuons donc tous ensemble à glorifier l’allaitement, en public ou non. Pendant qu’on y est, cessons aussi de porter des jugements inutiles sur chacun des choix de la parentalité et soyons, également, pro-choix dans le respect et la bienveillance!
Et vous? Avez-vous déjà eu des commentaires négatifs alors que vous allaitiez en public?