Prendre le temps. Maudit que c’est facile à dire et foutrement difficile à faire. Nous en sommes tout.e.s capables, mais l’application de ce concept fort simple dans nos vies nous échappe complètement. Du moins, chez moi.
Avant que la planète freine d’un coup sec en mars 2020, ma vie de maman, de femme et de travailleuse autonome filait à vive allure. La pédale dans le fond. Tout le temps. Avec l’annonce du confinement, et en l’espace de 24h, mes agendas scolaire, professionnel et social se sont vidés. En un claquement de doigts, j’ai dû apprendre à gérer le temps… avec mon amoureux et nos trois filles – dans la maison – 24/7. Au fil des semaines et des séances d’école à distance, une routine s’est installée et nous avons repris le dessus avec l’arrivée du soleil et des vacances estivales. Mais c’est ici que le bât blesse. Malgré une vie beaucoup moins « rapide », je me rends compte que je n’ai pas plus pris le temps… de respirer, de profiter de mes enfants, de la nature, de mes ami.e.s, de ma bibliothèque remplie de livres ou de mon vélo. Bon, OK – j’ai profité de mon cellier en tabaslack, mais ce n’est pas le but de ma réflexion.
Malgré le contexte, j’ai encore et toujours été occupée. Par exemple, à défaut de perdre la boule dû au mode de vie « en groupe », j’ai attaqué des projets longtemps repoussés aux calendes grecques : finaliser les 3 livres de bébés, faire mon album de mariage, effectuer un ménage dans les photos et les souvenirs de voyages, accrocher des cadres aux murs de ma maison (pour la 1re fois en 3 propriétés !) et épurer mes vieux papiers scolaires. Bref, j’ai épuisé ma liste « À FAIRE » et ma maison est propre en tabarouette. Voulant fuir le groupe, je me suis aussi mise à marcher avec mes chiens et j’ai perdu 16 livres. Perte de poids que je tente de maintenir tout en profitant de mon cellier. Misère…
Mon problème aujourd’hui, c’est que je n’ai plus rien qui traîne… et je dois attaquer ce concept qu’est « prendre le temps ». Pas facile pour une personne habituée à bouger, planifier, organiser et gérer. Vivre et respirer au rythme du temps et des saisons n’est pas dans ma nature… encore moins en tant que femme et maman chez qui la culpabilité de « de ne rien faire » est une maladie chronique. De mémoire, la dernière fois où j’ai réussi à « prendre le temps » fut le jour de mes noces. On me disait: « Cette journée passe tellement vite ! Profites-en ! » Avec ces quelques minutes à observer le bonheur de ma famille et de mes ami.e.s, de respirer l’importance et la beauté de l’événement, j’ai enregistré des images magnifiques dont je me rappelle encore 15 ans plus tard.
Donc, depuis le début du mois, j’essaie de prendre le temps. De végéter avec ma plus jeune devant un film. De cuisiner avec ma moyenne. De parler avec mon aînée. J’ai même mis le lavage de côté pour assister au match de flag football de ma plus vieille… un dimanche après-midi… sous le soleil ! Mais mon plus beau coup est survenu le week-end passé. Assise à table en famille pour le souper du dimanche soir, j’ai réalisé que j’étais sereine, heureuse et fatiguée morte. Tout le monde autour de la table l’était… J’avais pris le temps d’aller aux activités d’Halloween de ma ville avec les 2 plus jeunes et mon amoureux avait passé la journée sur le terrain de foot avec ma plus vieille. Une promenade à ramasser des masques abandonnés dans le parc, des ami.e.s pour jouer dehors, des bricolages avec paillettes, de la raclette au poivre et un peu de lavage plus tard, le week-end s’achevait et j’avais réussi. Le sourire aux lèvres, nous avions tous réussi à prendre le temps… d’être ensemble. Et je dois avouer que c’était fabuleux. En fait, je vous le recommande chaudement & je compte recommencer prochainement. Sur ce, je retourne remplir mon cellier. 😉