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Rire du malheur des autres en un seul clic

Si quelque chose a été flagrant pour moi au cours de la dernière année et demi, c’est que la bêtise humaine peut être incroyablement amplifiée via les médias sociaux. Ce n’est pas une surprise, mais on dirait que je l’ai vraiment reçu en pleine face, plus que je ne l’attendais.

Je ne vais pas partir de débat ici sur ce qui est bon ou mauvais – peu importe le sujet d’actualité auquel on peut penser. Ce qui me frappe, c’est plutôt le manque de jugement et de sensibilité avec lequel les gens « réagissent » sur les réseaux sociaux. Bien oui : le petit smiley, cœur ou pouce qu’on peut apposer à une publication.

Je regardais mon fil de nouvelles et je suis tombée sur cet article de la Presse, qui rapporte les faits concernant le procès de Gilbert Rozon. En gros, une membre du regroupement des Courageuses a décidé de le poursuivre pour séquestration et agression sexuelle.

J’ai lu l’article qui relate les faits et les remet en contexte, puis je suis retournée sur l’application, où il y avait quelques commentaires. Mon regard a tout de suite accroché sur la petite barre de réactions. On y en affichait une variété, mais j’ai été surprise par le petit bonhomme rieur qui me narguait, on aurait dit, avec ses yeux fermés et son grand sourire.

J’étais convaincue que c’était une erreur. Mode bénéfice du doute activé : c’est probablement Germaine-Henriette, 112 ans, qui a accroché un emoji « rire » en voulant peser sur l’un des autres. Ça arrive, t’sais.

Mais non. Au moment d’écrire ces lignes, 10 personnes sur les 149 qui ont pris le temps de réagir sur la publication de cet article ont choisi d’en rire. Ça m’a donné un petit coup au ventre.

À quel moment c’est drôle, les dénonciations? Les allégations sont graves et je pense que n’importe qui qui accepte de vivre tout le processus qu’implique un procès – encore plus lorsqu’il est autant médiatisé – mérite du support et du respect face à son courage. #OnVousCroit

J’aimerais ça, que ce soit une situation isolée, mais ce n’est malheureusement pas le cas. Trop souvent, ça arrive. Sur trop de sujets. À trop d’endroits.

Je me mets à la place des gens qui sont touchés, de près ou de loin, par les événements qui sont rapportés. Ou qui s’y identifient. À quel point le coup dans le ventre doit avoir un impact plus monstrueux que celui que j’ai pu ressentir.

Et je ne peux pas m’empêcher de me demander ce que ça apporte, aux personnes qui trouvent ça comique, de réagir de la sorte face à une nouvelle qui n’a absolument rien de drôle. Qu’est-ce qui s’est passé dans leur vie pour faire en sorte que rire publiquement du malheur des autres leur apporte un petit spark de joie dans leur ventre?

Par chance, la bienveillance est généralement plus présente que tout le reste. Ça ne veut pas dire que cette petite part d’ombre n’affecte personne pour autant. #SoyonsDoux

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