J’étais une maman séparée depuis 2 secondes (ressentis), je valsais entre la culpabilité et le deuil de ma famille telle que je la connaissais. Je traversais une crise existentielle, et ce, avec un nouvel homme dans ma vie. J’étais en train d’affronter des rapides et j’avais un enfant de 6 ans qui venait d’embarquer dans le bateau.
Le rôle de belle-mère me semblait très flou et très épeurant. Mes émotions étaient contradictoires face à cette nouvelle situation. La culpabilité quant à mes propres enfants et l’instabilité de notre relation me rendait insécure. Tout au long de cette relation, j’ai été réticente à m’investir. Peut-être qu’inconsciemment, j’essayais de protéger le petit de moi-même.
Bref, je me suis attachée, évidemment. Un p’tit gars sensible, tête de mule et charmant. Au fond de moi, j’ai toujours voulu une famille de 3 enfants. Avec lui dans mes rangs, je me sentais complète. J’avais ce beau garçon qui m’accompagnait et ça m’allait plutôt bien. C’était une vision adorable de voir ces 3 cocos, beurrés de chocolat jusqu’aux oreilles, assis côte à côte sur un banc de parc. Les gens nous regardaient avec admiration et nous félicitaient de notre belle famille. Ça me touchait énormément.
Nous avons fait de belles activités ensemble. Même si parfois, j’avais envie de l’attacher avec une laisse pour l’empêcher de s’enfuir en courant, j’appréciais vraiment ces moments en famille. Je pensais à lui quand je faisais quelque chose qu’il aurait aimé. Je m’inquiétais quand je le savais malade ou blessé. Je m’ennuyais quand il partait chez sa maman. Je redécorais sa chambre pendant son absence. Je m’intéressais à ses réussites scolaires et à son parcours. J’étais peut-être une belle-mère, finalement.
La vie étant ce qu’elle est, le papa et moi avons vécu des épreuves dans nos vies respectives. Après une autre remise en question, j’ai décidé que cette relation n’était pas pour moi. J’ai quitté papa et en quittant papa, j’ai quitté fiston. Je ne serai qu’un coup de vent dans sa vie. Lui aura une tout autre importance dans la mienne. Peut-être parce qu’à certains moments, je l’ai aimé comme un fils.
Pour la première fois de ma vie, je perds un enfant. Je vais coller quelques souvenirs heureux sur mon cœur pour colmater la fissure. L’image précieuse du petit homme courageux qui a grimpé dans un manège de grands à son dernier anniversaire et qui m’a coûté une gageure de 5$. Celui qui tripait sur la musique rock autant que moi pendant nos balades en auto. Celui que j’appelais parfois « mon gars ».
Milan, j’espère qu’un jour, je tomberai sur toi par hasard. Je pourrai alors te dire que ton père m’a sauvé la vie en m’aimant profondément. Je sais que je serai fière de voir l’homme que tu deviens. Aussi fière que la fois où tu as réussi à prononcer le mot « boxe » correctement, assis à la table de ma cuisine.