Lorsque j’ai accouché de ma fille au début de l’année, ma sœur fut réellement ma bouée dans la tempête. Sans elle, j’aurais sans doute été complètement paniquée devant la montagne de changements et d’incertitudes qui se présentait à moi. Grâce à elle, ma maternité est un chemin beaucoup plus tranquille. Quand quelque chose cloche, je peux toujours compter sur elle pour m’épauler et me prodiguer des conseils simples et concrets. Je souhaite à toutes les nouvelles mamans de pouvoir compter sur une personne comme ça, qui saura les calmer et les ramener sur Terre lorsque nécessaire.
Donc évidemment, lorsque ma sœur m’a annoncé sa nouvelle grossesse, je me suis dit que je voulais lui rendre la pareille. Sans doute pas de la même manière, mais je voulais qu’elle puisse compter sur moi, malgré la distance, le travail et nos réalités différentes. Je voulais être là pour l’aider à sa sortie de l’hôpital. L’aider avec les tâches ménagères du quotidien qui deviennent des épopées avec un bébé tout neuf dont il faut s’occuper. L’aider à gérer son plus grand qui ne comprendra pas pourquoi il n’est soudainement plus l’unique priorité de maman. L’aider à retomber sur ses pieds et à retrouver le fragile équilibre qui permet aux nouvelles mamans de manger chaud et de prendre une bonne douche chaude.
Depuis quelques semaines, j’essaye de me forcer à accepter l’inacceptable; je ne pourrai pas être là pour ma sœur, du moins pas de la manière dont j’aurais voulu. Avec la deuxième vague de la COVID qui frappe la province d’un peu partout, je comprends qu’il est plus important que jamais de limiter nos contacts. La dernière chose que je voudrais, c’est de rendre ma sœur et son bébé malade. Même si c’est très rationnel, c’est difficile à accepter. D’autant plus que nous n’habitons pas dans la même région. Je ne pourrai même pas ne serait-ce que lui laisser de petits plats chauds sur le perron en lui faisant des « bye-bye » par la fenêtre.
Plus le temps passe, plus j’ai peur de ne pas voir ma nouvelle nièce avant longtemps. Très longtemps. Et je ne parle même pas de ma fille qui grandit sans sa famille. Lorsque je vois les gens se regrouper dans les parcs ou dans les centres d’achat, je pense à ma sœur et à toutes ces familles qui devront ramener leur nouveau bébé à la maison sans aide pour faciliter la transition. J’enrage à l’idée que l’insouciance de certains coûte si cher à d’autres personnes, qui elles, respectent les règles avec soin.
Comme toutes ces femmes qui ont accouché dans les derniers mois, je sais que ma sœur s’en sortira. Elle peut compter sur un mari extraordinaire prêt à tout pour prendre soin d’elle et de leurs enfants. Ce ne sera sans doute pas des premières semaines faciles pour eux, mais elles finiront par passer. Comme cette deuxième vague, qui finira par passer un jour, comme tout le reste.
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