Jamais, dans mon couple (ou dans n’importe quel autre, je crois) pourra-t-on parler d’égalité. En matière de respect, d’amour, de confiance, peut-être. Mais en frais de tâches et de charge mentale; j’en doute fort.
Novembre dernier, j’écrivais un texte criant de douleur et d’épuisement. Je me relis et j’en frémis. Mais que s’est-il passé? J’ai croulé sous les dettes de sommeil, cumulé trop de corvées inachevées, oublié ma personne et surtout, ignoré les offres d’aide pourtant offertes ouvertement. « Capable toute seule », comme dit mon grand de 4 ans. Capable aussi de m’embourber. Au point de couler.
C’est la somme indubitable de mes choix, vous me direz. Mathématiques déconcertantes. Soustraction de mes besoins fondamentaux, multiplication de l’amour au carré, mais division du temps pour l’apprécier. Plus plus plus plus de cernes. Moins moins moins moins de patience. Additionnons à ceci un papa en mode « j’achète une entreprise ». J’ai flanché. Je crois.
Nul besoin de vous dire qu’en l’absence physique de mon conjoint, pour le soutenir dans son projet, je me suis investie dans la majorité des actions reliées à la maison. Ce qui m’a conduite à l’inévitable déraison.
Et quand l’on fait la sommation des actes accomplis, de notre interminable liste de tâches et soucis, on ne peut que trucider du regard son chéri, le jalouser pour l’inégalité. Alors pourquoi pas, rendu là, tout quitter?
J’en suis possiblement venue à une overdose de gestion. J’ai pris sur moi bien des choses, pendant plusieurs saisons, pensant soulager mon homme de plusieurs fonctions, pour le bien de sa carrière chérie, menant ainsi à ma propre dysfonction.
Quand, à bout de souffle, j’ai crié à l’injustice, à l’inégalité, j’ai voulu abandonner le navire, tout quitter. À boutte. Pis toute pis toute. Mais. L’amour triomphe. Quand on se parle, qu’on communique, on trouve le moyen de se rééquilibrer.
Nous avons convenu parler d’équité, plutôt que d’égalité, en frais de corvées. Nous nous sommes promis de partager nos inquiétudes et notre fardeau, plutôt que de se quitter. Nous avons choisi de nous outiller, plutôt que d’utiliser « le tap-out », comme à la boxe, pour se sortir in extremis d’une fâcheuse semaine. Nous ne nous rendrons plus à cette impression d’être écorchés au sang, jusqu’à l’écorce, les dents serrées d’épuisement, la vapeur prête à fuir du conduit auditif.
Nous avons délibérément voté pour la valorisation verbale, pour notre équilibre familial. Nous avons choisi un agenda commun. Et nous en sommes plus heureux, an pour an, à ce jour.
L’équité; l’étiquette d’un couple équilibré.
Est-ce que vous préférez parler d’égalité ou d’équité dans votre couple, concernant la charge mentale et les tâches à accomplir?