Chez nous, le grand retour en classe, après près de 6 mois, se fera vendredi. Pour d’autres, la glace est déjà brisée. Une chose est certaine, cette rentrée scolaire ne ressemble en rien à celles qu’on a connues. Malgré toutes les incertitudes, les ajustements et l’anxiété, je m’accroche au sentiment profond qui anime mon enfant depuis quelques jours.
Son bonheur de retourner (enfin) à l’école. Pas l’école à la maison, pas de cours en visioconférence. Apprendre comme elle en a eu l’habitude ces dernières années. Avec ses camarades de classe, avec un.e enseignant.e en personne qui peut répondre à ses questions. Assise à un pupitre, à prendre des notes dans son cahier (ou dessiner dans son agenda).
Et pourtant, ma fille est de nature anxieuse. La pandémie et ses chamboulements l’ont grandement marquée. Mais l’ennui et l’isolement ont eu raison de sa peur. Elle est assez âgée, elle comprend bien les enjeux, les risques, les mesures sanitaires. Elle sait que cette année ne sera pas tout à fait pareille aux précédentes. Il y a bien des choses qui pourraient tuer sa joie: être dans le même local à journée longue, peu d’interactions avec ses autres amis qui ne seront pas dans son groupe. Le port du masque en quasi permanence. Malgré cela, elle a choisi de focaliser sur ce qui la rend heureuse.
Je suis tellement fière de son attitude. Alors que souvent je la trouve un peu pessimiste, alors que souvent je dois mettre en lumière pour elle les bons côtés des situations qui sortent de l’ordinaire, elle a su le faire toute seule. Mieux que si je l’y avais aidé. Et je sais combien elle avait besoin de fréquenter des jeunes de son âge, pas seulement chatter sur les réseaux sociaux.
J’avoue que cette nouvelle réalité est un peu déstabilisante. Nous avons reçu quantité de courriels, remplis d’ajustements, qui renforçaient mes craintes. On sent que le corps enseignant doit improviser, s’adapter au jour le jour. Je ne peux que m’imaginer comment cette situation doit être perturbante, et j’ai une pensée pour eux. Je laisse le soin à d’autres de critiquer et de remettre en question, de mettre en lumière les choses qui dérangent. Je respecte l’opinion de chacun, mais je veux seulement m’inspirer de la zénitude de ma fille, et tenter de voir le beau dans tout cela.
Depuis juillet, il y a cette question qui tourne en boucle dans ma tête: «Comment ma petite fille, déjà si stressée à chaque rentrée, vivra-t-elle celle-ci ?» Curieusement, heureusement, elle la vit le plus sereinement du monde. Elle a préparé ses effets scolaires depuis des jours. Elle parle quotidiennement de sa hâte d’y être. Aucune soirée où le sommeil ne vient pas, aucun mal de ventre inexpliqué et sournois. Si on m’avait raconté cette histoire, il y a un an, en me prédisant cette réaction si douce de mon enfant, je ne suis pas certaine que je vous aurais cru.
Mais voilà où nous en sommes. Le dicton « Les années se suivent, mais ne se ressemblent pas » prend vraiment un sens nouveau et particulier pour nous. D’ailleurs, ma fille m’a dit cette semaine à la blague que dans les prochaines éditions des manuels d’Uni (donc univers social), on parlera de l’année 2020 et de toutes ses aventures. Pour elle, ce n’était qu’un trait d’esprit un peu comique, mais elle ne sait pas à quel point elle a raison.
Et j’espère qu’elle se souviendra de cette attitude qu’elle a, soit celle de prendre les choses comme elles se présentent, avec le beau et le laid. Et de choisir de mettre un peu plus l’emphase sur le beau. Parce que du beau, il y en a toujours, même quand on doit gratter un peu plus la surface.
Bonne rentrée à tous les écoliers ainsi qu’à leurs parents. Je vous en souhaite une très belle, douce et sereine, malgré les masques, la pandémie et l’incertitude.
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