Ce geste qui boucle la boucle du troisième enfant qui ne viendra pas

Lorsque ma toute petite était dans ma bedaine, je regardais souvent des idées Pinterest de shooting photo, de vêtements et accessoires de toutes sortes. Je rêvassais de son petit minois, des vêtements que j’aimerais la voir porter. J’imaginais son petit ensemble de lainage rose pour le baptême, son manteau identique au mien à l’automne et sa robe à carreaux pour son premier Noël.

J’ai passé beaucoup de temps à dénicher les aubaines de créateurs québécois. J’ai une amie créatrice de vêtements, Petit Monstre Couture, qui m’a beaucoup inspirée. Y’a pas à dire, j’ai eu beaucoup de colis avec Postes Canada dans la première année de vie de ma fille. Parfois, je ne me rappelais même plus ce qui se cachait dans les colis qui apparaissaient soudainement dans ma boîte aux lettres!

 

J’ai eu une deuxième fille. Elle était plus souvent en pyjama que sa grande sœur, je l’avoue, mais des sapristi de beaux pyjamas. J’étais très émue de revoir mes petits ensembles préférés sur une autre petite coquette. J’en conviens, je m’étais attachée à ces jolis vêtements comme à un rêve. Le rêve d’enfanter, le rêve de famille, le rêve d’amour inconditionnel.

Les enfants ont grandi, elles sont toujours aussi jolies dans leur petit kit de presque twins. Quoiqu’elles s’habillent seules maintenant, ce qui nous donne parfois de drôle de créations. J’ai conservé certains vêtements dans les tiroirs à souvenir, le reste s’est retrouvé classé dans des bacs abandonnés dans la pièce à débarras de la maison. Je ne me suis jamais résolue à les donner. Par espoir, peut-être, de faire revivre ces doux moments où mon bébé faisait ses premiers pas, vêtue de son chandail en tricot bleu clair, comme ses yeux.

Cette semaine, j’ai entrepris des travaux dans la maison. Je remarque que j’ai considérablement de jouets, d’équipement de camping et de vêtements d’hiver à ranger. J’ai aussi de jolies décorations de toute sorte fabriquées par les petites mains habiles de mes deux cocottes. Visiblement, je manque d’espace. Immanquablement, le temps avance. Je vois ces bacs de vêtements qui prennent la poussière et dont je n’ouvre que très rarement le couvercle. Je dois me rendre à l’évidence et accepter; il est temps de boucler la boucle du troisième enfant qui ne verra pas le jour.

J’ai toujours rêvé d’une grande famille. Un désir qui était si ancré en moi que je n’arrivais pas à donner quoi que ce soit sans avoir l’âme en peine. Il est temps de me tourner vers l’avenir; voir la beauté dans les enfants qui grandissent plutôt que dans des vêtements qui ne feront jamais plus. Je sais que ce ne sont que des vêtements, mais ils représentent tant pour moi. Peut-être que le petit chandail bleu clair fera à un bambin aux yeux bleus… comme ma fille.  

Et vous, comment avez-vous vécu la décision de ne plus agrandir votre famille?