Ma soeur Chantal et moi n’étions pas très proches en grandissant. Nous avons 3 ans et 9 mois d’écart, et toute notre jeunesse, j’étais la petite soeur qu’elle devait traîner partout. Nos parents ont divorcé lorsque nous étions très jeunes et comme dans beaucoup de maisonnées monoparentales, ma grande soeur est devenue un genre de parent de remplacement pour moi. Ce qui a causé énormément de flammèches durant notre adolescence.
J’ai quitté la maison tôt, dans un grand élan d’émancipation. Et puis, petit à petit, au fil des soupers de famille et des réunions de Noël, j’ai redécouvert cette personne. Au début de notre vingtaine, nous avons fait un voyage en famille qui a tout changé. Passer une semaine complète avec ma soeur pour la première fois depuis des années m’a permis de tomber en amour avec elle. Comment avais-je fait pour ignorer toutes ces années qu’une personne aussi drôle habitait dans ma maison?
Aujourd’hui, en tant qu’adultes, ma soeur est ma meilleure amie. Elle serait mon amie même si on ne partageait pas notre ADN. C’est la personne que je choisirais pour passer un mois sur une île déserte, pour participer à une télé-réalité de compétition, pour monter un meuble IKEA.
Nous nous sommes surtout rapprochées dans notre parentalité. Ma soeur est la personne vers laquelle je me tourne immédiatement pour chaque bobo, pour chaque question. Je respecte énormément le type de mère qu’elle est et plusieurs fois dans ma vie de parent je me suis demandé WWCD (What Would Chantal Do). Nous avons eu la chance exceptionnelle d’être enceintes en même temps pour nos garçons nés en 2015. Comme c’était sa deuxième grossesse, je lui demandais TOUT. Et comme nos congés de maternité se sont chevauchés, nous avons passé beaucoup de temps ensemble à câliner nos bébés.
En plus, elle est une matante/marraine exceptionnelle. Elle traite les miens comme les siens. Change une couche sans qu’on s’en rende compte, cajole un petit qui pleure. Mes enfants sont bien quand ils sont avec elle, car ils lui font confiance.
C’est ma soeur qui a épaulé mon chum quand, suite à une opération qui a mal virée, j’ai été hospitalisée, et qu’ils ont dû donner de la formule pour la première fois à mon bébé allaité. C’est ma soeur qui est venue nous voir quand mon nouveau bébé de 28 petites semaines était à l’hôpital et qui nous a rempli notre frigo de nourriture. Chaque événement important dans la vie de mes garçons est marqué par la présence de ma soeur.
Mais ma soeur habite à Québec. Et moi sur la Rive-Sud de Montréal. Déjà que je trouve ça tellement plate qu’on n’habite pas dans la même ville, la situation actuelle fait qu’on ne s’est pas vue depuis Noël. Depuis NOËL! La dernière fois qu’on était ensemble, mon bébé ne marchait pas! Et là, il court et grimpe et saute et détruit tout sur son passage. Je m’ennuie de ma soeur. Et je sais que c’est pour le bien, que les règles sont mises en places pour nous protéger. Mais je compte sur mes doigts les jours jusqu’à ce qu’on puisse coucher les cousins ensemble dans le sous-sol et se faire un bon souper, où on va se raconter de vieilles histoires jusqu’à en rire aux larmes. Face à face, pas via vidéo.
Vous avez une histoire à partager? Écrivez-nous au info@tplmag.com