L’école comme on la connaît a changé. Même si on annonce un retour en classe physique en septembre prochain, des restructurations importantes changeront la vie scolaire pour un long moment. Mais que restera-t-il des programmes et des écoles à vocation? À la maison, j’ai des ados nostalgiques, qui s’ennuient de leur orchestre et qui se demandent ce que deviendra leur réalité de musiciens pour la prochaine année. Et moi, en tant que maman, ça me brasse pas mal d’émotions.
Ça fait déjà tellement d’années que je les suis dans leurs concours musicaux, leurs concerts et prestations, un peu partout au Canada et même aux États-Unis, que je sais exactement ce que tous les élèves en musique manquent présentement. Non seulement ils vivent une grande passion pour leur musique, s’identifient à elle, ne font qu’un avec leur instrument, mais ils ont également développé une unité d’ensemble. Ils pratiquent plus de 10h par semaine en gang, et même les midis, ils se réunissent pour jouer de la musique. En un claquement de doigts, tout ça s’est envolé.
Ma grande de secondaire 4 a reçu les enregistrements de leurs dernières prestations au MusicFest Québec qui a eu lieu en mars, la veille du début du confinement. C’est avec beaucoup d’émotions qu’elle les a écoutés et ça lui a fait réaliser tout ce qu’elle manque en ce moment. Ils avaient prévu se rendre à une compétition à New York en avril, mais le tout a été annulé. Le Festival des harmonies de Sherbrooke qui aurait eu lieu durant la longue fin de semaine de mai a lui aussi été annulé.
Au départ, ils s’encourageaient, en se disant qu’ils pourraient se reprendre l’an prochain. Mais c’est tout un casse-tête de permettre à 60 musiciens de retourner pratiquer dans un local tout en respectant le 2 mètres de distanciation. Surtout qu’ils étaient déjà très coincés à la base. Je n’aimerais pas être à la place de ces enseignants qui remuent ciel et terre dans l’espoir de trouver une solution pour tous ces passionnés de musique qui n’attendent que de reprendre le chemin de l’école!
Et c’est le même manège au CEGEP. Ma plus vieille étudie en musique classique pré-universitaire présentement. Pour sa part, rien n’a été mis sur pause, malgré toutes les embûches et le stress que ça peut occasionner. Ils doivent poursuivre leur perfectionnement musical, mais seuls. Pourtant, ils avaient tous ces cours de musique de chambre, de petits ensembles, d’orchestre et de chorale. Ça aussi, c’est parti en fumée, laissant des coeurs bien lourds derrière. Et au retour, que restera-t-il de tout ce qui existait avant la Covid-19? Comment arriveront-ils à pratiquer en grand groupe comme ils le faisaient plusieurs fois par semaine avant?
C’est évident que ce virus n’aura pas volé que quelques mois de notre vie, il l’aura transformée à tout jamais. Ce qui nous semblait si simple avant est devenu compliqué. Et c’est si beau de les entendre jouer tous ensemble, j’en ai toujours la chair de poule! Je ne voudrais rater ça pour rien au monde… mais là, on n’a pas le choix.
Je vous parle de notre réalité, mais c’est la même chose pour les écoles d’art dramatique et à vocations sportives, j’imagine. Ceux qui vivent de leur sport, qui passent des heures à s’entraîner dans l’espoir de faire les jeux du Québec, les championnats du monde ou même les Olympiques. On est dans un tourbillon bien triste. Au-delà de la camaraderie, il y a des moments qui ne reviendront jamais, qui sont complètement rayés de la vie de nos étudiants. On dit souvent qu’on a une seule jeunesse et qu’elle passe vite. En ce moment, cette expression prend tout son sens.
Avez-vous des ados à la maison qui vivent un deuil similaire?