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Quand une pandémie s’ajoute aux montagnes russes d’émotions d’une première grossesse
Crédit: Pexels

Ce matin, j’ai besoin de vider mon petit cœur de future maman, plutôt lourd depuis quelque temps. J’ai d’ailleurs perdu un peu le fil du temps; parfois, je ne sais plus quel jour de la semaine nous sommes ni même le nombre de jours qui se sont écoulés depuis le début du confinement. Pour l’histoire, voici un petit retour en arrière. En novembre dernier, Papa et moi avons appris une merveilleuse nouvelle: nous allions devenir tes heureux parents. Nous rêvions de toi et te désirions beaucoup. Nous avons été très chanceux, puisqu’il a suffi de trois mois pour que toi, mon bébé d’amour, pointe le bout de ton joli petit nez dans mon ventre. Comme pour bien des futurs parents, cette annonce est arrivée avec son lot d’excitation, mais aussi de questionnements, de peurs et de défis. Je crois que je n’ai jamais autant Googlé que depuis que je suis enceinte de toi.

 

Dès les premières semaines, maman se renseignais beaucoup sur ton développement, les restrictions alimentaires et les vitamines à prendre, le moment à partir duquel nous pourrions connaître ton genre, le mois auquel mon ventre ressemblerait enfin à celui d’une femme enceinte et le déroulement de la première échographie. Papa et moi avions même commencé à t’acheter des vêtements unisexes; j’ai comparé pendant des heures les modèles de poussettes en ligne pour t’offrir le meilleur qu’il soit, etc. Certains croyaient que je me précipitais, mais j’étais beaucoup trop heureuse et la possibilité de te perdre n’allait pas m’empêcher de vivre pleinement mon début de grossesse, car j’avais confiance en la vie. Bref, j’étais sur un petit nuage, mais très rapidement, ce nuage blanc parfait dans lequel je baignais depuis l’annonce de ton arrivée s’est vite transformé en un nuage gris morose.

 
En toute confidence, j’ai très mal vécu mon premier trimestre et jusqu’à aujourd’hui, j’en ai très peu parlé, par culpabilité. Bien que papa ait été là pour m’épauler et qu’il soit une personne super compréhensive, j’avais l’impression de vivre ce cauchemar seule. À partir de six semaines, j’avais constamment des nausées dès que je mangeais un repas, le simple fait de sentir une odeur ou même de regarder de loin une poubelle ou une guenille sale me faisait vomir toutes les tripes de mon corps. T’en rappelles-tu ? C’était devenu incontrôlable et je perdais beaucoup d’énergie. J’étais confinée à la maison, puisqu’à ce moment, je ne travaillais pas. Au départ, cette situation me semblait idéale, mais très tôt, j’ai commencé à vraiment déprimer.
 
 
De nature très active, je me sentais souvent seule, sans amies autour, clouée en permanence à mon canapé devant Netflix et je finissais toujours par m’endormir trois heures au minimum. Je n’arrivais pas à accomplir les tâches du quotidien. Tout me semblait être une tâche lourde à accomplir.  Retourner au travail me semblait impossible vu mon état, ma déprime et les nombreux allers-retours à l’hôpital. J’avais constamment cette sensation de mal-être qui habitait mon corps, j’étais négative et j’admets avoir été agressive par moment. Faut dire que je dormais aussi très peu. À ce moment-là, je soupçonnais même un début de dépression majeure. J’avais beau consulter des spécialistes, docteurs, pharmaciens, gynécologues, rien à faire. On me disait que c’était normal, que ça devrait bientôt passer… J’avais vraiment du mal à voir la lumière au bout du tunnel!
 
 

J’essayais malgré de rester positive, de me dire que j’avais de la chance de t’avoir eu facilement et aussi de pouvoir rester à la maison et d’avoir un mari vraiment présent pour nous. Il travaille fort et s’occupait de presque toutes les tâches de la maison; pendant ce temps, je culpabilisais. Heureusement, à partir de la treizième semaine, maman a commencé à redevenir elle-même. Et il est vrai que ça passe, puisqu’à cinq mois de grossesse, je pouvais enfin dire que tout ça n’a été qu’un mauvais cauchemar, une sorte de passage obligatoire avant de connaître enfin les joies de la grossesse. Je pouvais enfin magasiner tes vêtements, préparer ta chambre, porter fièrement de jolies robes de maternité, sentir la main de nos proches sur mon ventre pour qu’ils sentent tes petits coups si doux.

 

Mais voilà qu’une nouvelle mondiale a été annoncée: une pandémie de la COVID-19. Ce virus si puissant que les êtres humains des quatre coins du monde sont maintenant amenés à rester à la maison (lorsque possible) pour éviter la contagion. Une certaine peur s’est vite installée chez les gens. Aux nouvelles, on ne parle que de ça. L’information est anxiogène, mais papa ne peut s’empêcher d’écouter religieusement les points de presse; nous ne voulons manquer aucune information. La plupart des commerces et des établissements ont été fermés, plusieurs personnes ont perdu leur emploi, les sorties et les spectacles ont été annulés; on se croirait dans un film de fiction.

 

Au début du confinement, je me relevais à peine d’une période sombre et je devais à nouveau me confiner à la maison; cette fois, pour nous protéger du virus. J’avais si peur pour toi, mon bébé, je ne voulais pas qu’il t’arrive quoi que ce soit. Papa et moi avions pris des mesures drastiques; je ne sortais plus de la maison et papa, lui, y était contraint pour le travail. Les jours passaient et je déprimais à petit feu dans notre petit 3 ½. Je ne pouvais plus aller à la piscine avec toi dans mon ventre devenu plus gros, j’ai dû annuler ton babyshower, nos cours prénataux étaient disponibles en ligne uniquement, maman n’avait plus vraiment à qui se confier sur sa grossesse, papa n’avait plus le droit de m’accompagner aux rendez-vous médicaux pour te rencontrer, certains hôpitaux interdisaient même momentanément la présence du père à l’accouchement par mesure préventive, mais j’ai prié très fort pour qu’à ton arrivée, papa soit présent. Aussi, je n’ai pas connu le plaisir d’acheter tes choses en magasin ni de préparer paisiblement ta chambre, puisque nous avons dû reporter notre déménagement. Maman avait le cœur lourd, bébé d’amour. Je voulais tant t’offrir le meilleur. Je m’efforçais de ne pas être anxieuse ni trop stressée, de peur que tu le ressentes.

 

Aujourd’hui, ça fait près de deux mois que nous sommes confinés dans nos maisons. Je ne connais pas de quoi sera fait demain, mais une chose est sûre, je fais tout en mon pouvoir pour te préserver, préserver notre petit cocon douillet, loin des sources de stress. Pour le moment, je m’adonne au magasinage en ligne, tante Jessica t’a même envoyé un cadeau par la poste. En attendant le retour à la réalité, j’imagine comment sera ta chambre, je lis beaucoup, je Facetime ta tante Marie, j’appelle souvent tes grands-parents pour échanger et chaque jour, j’attends patiemment le retour de papa à la maison, car ses câlins sont réconfortants.

 

L’été approche à grands pas et j’ai un peu d’espoir. Maman est reconnaissante de t’avoir, de la vie qu’elle mène, de son petit bonheur avec papa. Souvent, tes grands-parents, tes oncles, tes tantes et tes petits cousins prennent de tes nouvelles. C’est rassurant. J’ai si hâte qu’ils te rencontrent. Eux aussi, ils t’aiment beaucoup. Soit rassuré, malgré ces événements, maman et papa t’offriront le meilleur. Tu n’aurais peut-être pas une chambre Pinterest-worthy, mais nous t’inculquerons de bonnes valeurs, je serais là pour t’apprendre ce que je sais, je t’aiderai à développer ta curiosité, je t’écouterai dans tes bons et mauvais moments, je t’encouragerai dans tout ce que tu entreprendras et je t’aiderai à réaliser tes plus grands rêves. Je suis ton plus grand fan. Je t’aime et à très bientôt.

 

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