Ce matin, en rentrant de mon quart de nuit, les yeux un peu bouffis par la fatigue, la tête en vrac et le cœur en manque de mes Amours, je n’avais qu’une chose en tête : dormir, pour ensuite profiter de l’après-midi et de la soirée avec mes enfants. Ayant des emplois considérés « essentiels », nous bénéficions encore d’une place en garderie pour nos enfants, ainsi que d’une place en service de garde pour la fille aînée de mon conjoint.
Seulement voilà, ce matin, le téléphone de mon conjoint sonne. C’est son ex, qui, en allant porter sa fille vers le service de garde, constate qu’elle est malade (du genre gastro et pas COVID-19, pour vous rassurer!). Mon conjoint lui répond qu’il doit rentrer travailler, il n’a pas le choix. Elle dit qu’elle aussi doit se rendre au travail et ne sait pas quoi faire. Instinctivement, il lui propose d’amener la petite à la maison. De toute façon, je vais y être, moi…
Ce n’est pas la première fois que je me vois ainsi imposer sa garde sans même un préavis. Jusqu’à aujourd’hui, jamais je n’avais refusé cette responsabilité, même si celle-ci contrecarrait mes plans pour la journée. C’est ça la famille, non? Faire passer ceux qu’on aime avant tout?
Mais ce matin, après plus de 24h sans sommeil, j’ai dit non: « Qu’elle prenne une journée de congé pour s’occuper de SA fille! Elle en a la possibilité et les moyens. »
J’accommode toujours, et ce, depuis le début de notre relation. Mais là, ce matin, je suis crevée. Je DOIS dormir. Et, cette petite, elle n’a pas besoin d’être installée devant la télé, esseulée comme un vieux meuble : elle est malade et elle a besoin que quelqu’un prenne soin d’elle. Je suis catégorique et ça ne fait pas l’affaire de mon conjoint, qui doit rappeler son ex pour lui dire que je ne peux pas. Je décide de proposer un compromis: « Au pire, qu’elle la garde ce matin et, en début d’après-midi, quand je me réveillerai, je prendrai le relais. »
Mon conjoint ne considère même pas ma proposition, rappelle son ex et quitte la maison fâché pour se rendre au travail, sans même me saluer. Je bous, je suis triste et je suis fâchée, moi aussi, de ce qui vient de se passer. Plus tard dans la journée, j’apprends que cette petite n’est pas avec sa maman, mais plutôt chez une amie de celle-ci (allô le confinement…).
Et, pour être bien honnête, ça me fend le cœur. Je ne comprends pas.
Pour mon conjoint et son ex; est-ce que le travail est plus important que tout? Plus important que leur famille, leurs enfants? De mon côté, j’ai choisi un emploi dont l’horaire me permet de passer bien plus de jours à la maison avec mes enfants qu’au travail. J’ai la chance d’avoir pu faire ce choix de faire passer ma famille en premier, d’avoir la possibilité de prendre congé au besoin et d’être présente pour mes enfants, mon conjoint et sa fille.
Mais pour avoir droit à ces avantages considérables, je dois également passer 8 journées par mois, presque entières, au travail. Après de telles journées de travail, le sommeil est essentiel pour que je puisse m’occuper par la suite, au meilleur de mes capacités, de ma famille. Aujourd’hui, ce sommeil, j’en avais besoin. Aujourd’hui, mes propres enfants sont à la garderie, parce que j’ai besoin de ce sommeil. Pour le reste du mois, c’est moi qui prends le relais, de toute façon.
Était-ce trop demander, une seule matinée pour récupérer?