Depuis que je travaille de la maison tout en m’occupant de ma fille de 3 ans, disons que j’ai rentabilisé mon abonnement à Disney+. J’ai été forcé de lâcher un peu prise sur le temps d’écran quotidien.
J’ai montré à ma fille les Disney de mon enfance et omg, certains d’entre eux m’ont donné envie de flipper des tables. Je me souvenais que c’était vraiment pas féministe, mais je n’avais pas réalisé à quel point la place des femmes est problématique dans bon nombre de films.
Cela dit, j’ai quand même montré ces dessins animés à ma fille qui sont des souvenirs d’enfance, je ne pense pas que ça va changer sa vision d’elle-même et des femmes en général, car bien heureusement nous avons d’autres films féministes en banque qui contrebalancent. Mais il est certain que j’aurai un jour une petite discussion sur le sujet, histoire qu’elle comprenne ce qu’est l’égalité hommes femmes et les enjeux derrière ces films d’une autre époque. C’est important pour moi, car même s’ils datent des années 50, ils restent vus par nos enfants en 2020.
En attendant, avec mes yeux d’adulte, je ris quand je vois la Petite Sirène qui doit se faire absolument aimer d’un gars, mais sans sa voix, donc juste par sa beauté, sans compter qu’elle doit tout quitter pour se mettre avec lui alors qu’elle ne l’a vu qu’une fois. Je capote quand la belle au bois dormant se fait frencher par un inconnu alors qu’elle dort : allô le consentement! Je roule des yeux quand Blanche Neige fait le ménage pour 7 gars qu’elle ne connaît même pas pis elle danse et trouve ça le fun en plus! T’es niaiseuse Blanche Neige, le sais-tu??
Ah et est-ce qu’on parle de la Belle et la bête? Quand notre protagoniste tombe amoureuse d’un homme qui la séquestre, c’est-tu correc’?
Même les histoires qui sortent du cadre de princes et princesses sont problématiques. Par exemple, dans les premières minutes du film Les 101 Dalmatiens, Bongo critique physiquement toutes les femmes qu’il voit passer dans la rue : « Trop courte, trop aguichante, trop jeune, trop vieille, trop ceci, trop cela. » Le mouvement body-positive n’existait pas encore apparement, parce que ça aurait fait péter les zinternets cette scène!
Mais le meilleur exemple est, selon moi, le cas de Cendrillon (qui date de 1950 donc heureusement qu’on a fait du chemin depuis!). Le film met en scène trois femmes qui en intimident une autre plus belle qu’elles. Anastasie et Javotte sont des filles laides, et donc hystériques et jalouses.
Le roi est un homme colérique et violent (mais contrairement à Anastasie et Javotte, c’est tellement attachant #not), qui veut absolument des petits-enfants et qui organise de force un bal où son fils va rencontrer toutes les jeunes filles à marier et en choisir une selon son physique. Bien sûr, toutes vénales et dont « le rêve d’une vie, c’est l’amour », elles rêvent de se marier au prince. Ainsi, en compétition les unes contre les autres, elles se mettent sur leur 31 pour le séduire.
On les voit défiler quand on les appelle et lui faire une révérence, pendant que lui bâille ou grimace, car elles sont toutes trop plates ou trop laides pour lui.
Cendrillon, après s’être fait déchirer sa robe par ses demi-soeurs jalouses, se fait offrir par sa marraine la bonne fée une robe de feu… et des pantoufles de verre! Bonne chance pour danser avec, mais t’sais, il faut souffrir pour être belle!
Bien sûr, pendant le bal, le prince choisit Cendrillon. À minuit elle veut partir parce que son make-up va disparaître, la honte!!! Il tente de l’empêcher, part à sa poursuite et envoie des gardes à ses trousses (WTF?). Elle réussit à s’enfuir à temps. Ouf, il l’a pas vue décoiffée.
Mais le Prince et son père ne s’arrêtent pas là, pour la retrouver, il va demander à toutes les filles d’essayer une chaussure qu’elle a laissé traîner. Genre, fille, cherche pas à te cacher, mon père et moi on va te retrouver!
Bien sûr mon propos est sans nuances et il s’agit de vieilles histoires féériques. Mais justement, énumérés froidement, ces constats montrent combien à l’époque le sexisme était ordinaire et accepté jusqu’aux années 90. Dans ces années, on montrait aux petites filles qu’il fallait être belle (et souffrir pour l’être), pas trop parler, savoir faire le ménage, et que le rêve d’une vie, c’est pas de vivre de sa passion ou voyager… non, c’est l’amour. On leur montrait aussi de se méfier des autres femmes qui étaient jalouses (attention aux belles-mères et aux sorcières), que la colère des hommes était acceptable, mais pas celle des femmes.
Heureusement les Disney des années 90 (Mulan ou Pocahontas) remontaient la pente doucement. Les nouveaux Disney ne sont clairement plus dans ces paterns. Ça prouve qu’on a évolué depuis et ça montre aussi tout l’intérêt des mouvements féministes tels que #Bodypositive ou #Metoo.
Quels vieux dessins animés vous font un mix feeling de « awww » et « ARK »?