Mes grands-parents ont été très présents dans mon enfance. Tous les mardis soir jusqu’au mercredi après-midi, ma soeur, mes cousins et moi allions chez eux. Ça laissait un break à nos parents et ça leur permettait de passer du temps de qualité avec leurs petits-enfants.
Chez mes grands-parents, quand on arrivait, on sonnait mille fois tant l’excitation était grande, le portail s’ouvrait tout seul et je criais « Sésame ouvre-toi! », à chaque fois. On devait vite enlever nos chaussures (il y avait des règles à respecter!), on avait chacun nos chaussons. Dès l’entrée ça sentait une odeur particulière. Un mélange de propre et de bon plat du sud qui se prépare en cuisine.
Ma grand-mère collectionne les chouettes, même petite, je trouvais ça très curieux et drôle. Il y avait plein de petits objets rigolos chez eux que j’aimais voir et revoir.
Chez eux, on mangeait toujours un repas de roi, avec un gâteau souvent en dessert. Ma grand-mère cuisinait des lasagnes, rôtis, des burgers maison, des salades niçoises, des beignets de fleurs de courgettes, des tomates à la provençale, des légumes farcies, pour ne citer que ça. Ça avait toujours exactement le même goût et c’était toujours délicieux. On avait nos propres verres en plastique (le mien était jaune) et nos serviettes attitrées. Ça avait quelque chose de rassurant et hospitalier. Le soir, on avait le droit de regarder Les Aventures de Superman avec un petit verre de Coca-Cola : LE RÊVE. La nuit, quand j’avais un peu peur, je descendais voir ma grand-mère qui m’accueillait toujours les bras ouverts. Souvent mon grand-père, qui faisait de l’insomnie, ne dormait pas et regardait la télé et ça me réconfortait.
Les mercredis, ils nous amenaient à l’école. Ils nous réveillaient un à un avec un croissant et un verre de jus d’orange pressé. On était toujours bien à l’heure pour commencer les cours. Le mercredi après-midi, on jouait dans le jardin pendant des heures. Ensuite, on avait le droit de manger quatre bonbons qu’on pouvait choisir dans un tiroir que je trouvais un peu magique. Quatre et pas un de plus!
Je me souviens me lever de bonne humeur les mardis matin, car je savais que le soir, j’allais dormir chez eux et que j’allais vivre tout ça.
Depuis le confinement, je pense à eux plus que jamais et à ces rituels de mon enfance. Je sais qu’ils sont seuls et inquiets. J’aimerais tellement les voir, même une heure pour un café. J’aimerais leur rendre visite pour leur montrer combien je les aime et combien je suis reconnaissante d’avoir eu une enfance si joyeuse en grande partie grâce à eux.
La première chose que j’aimerais faire une fois le confinement terminé, c’est aller les voir, enlever mes chaussures, sentir l’odeur singulière dans l’entrée et les serrer fort.