Note: Dans ce texte en 2 parties, vous lirez deux versions de mon premier accouchement; la mienne et celle de mon mari. Quand on s’en est reparlé quelques mois plus tard, nous avons constaté que nous n’en gardons pas du tout le même souvenir. Lui était plus réaliste alors que ma version était teintée d’un genre de positivisme de « tout va bien ». Dans tous les cas, nous nous comptons extrêmement chanceux de la tournure des événements et ne souhaitons à personne un tel accouchement! Vous pouvez lire la première partie ici qui relate ma version des faits. Pour lire la version de mon mari, continuez votre lecture.
Au moment où j’écris ces lignes, nous sommes sur le point d’avoir notre deuxième enfant. La fébrilité du « ça pourrait arriver n’importe quand » m’envahit. Comment il va se dérouler, celui-là? Je ne peux m’empêcher de repenser au premier accouchement et de me dire que ça a été toute une aventure…
Quand la 41e semaine a sonné, notre petit paquet de bonheur ne voulait pas se pointer le bout du nez. On a dû aller provoquer ça, cet accouchement-là! On était heureux, on avait hâte de lui voir la bette… Une petite échographie plus tard, on se fait dire qu’il manque de liquide dans mon placenta, mais rien d’inquiétant selon les médecins. Cela dit, on reste à l’hôpital. Belle neige lente qui tombe dehors, quelle belle journée pour avoir un bébé!
Rendu au soir, rien ne semble avoir changé… C’est officiel, ils nous gardent pour la nuit. Et quelle nuit ça a été! Sous moniteur depuis un bout déjà, les infirmières remarquent qu’à chaque petite contraction, le coeur de notre bambin ralentit, et pas qu’un peu. « On va surveiller ça de plus près! » Nous, inquiets comme tout, on se demande pourquoi ils ne font pas une césarienne. Dans ma tête à moi, on ne joue pas avec ça, un petit coeur de bébé!
Tu me semblais stoïque, mais de mon côté, je commençais à être inquiet. Arrive le lendemain matin, tu n’as presque pas dormi, alternant entre civière, bain et chaise berçante. Tu m’as laissé dormir un bout dans ta civière (et je t’en remercie). Le médecin vient nous voir et nous dit que la bradycardie n’est pas normale, mais pas un trop grand risque non plus. On continue donc la provocation comme prévu.
Suivant les directives du médecin, je commençais à être inquiet. Tu te tournes d’un côté, de l’autre, assise, debout.. mais rien n’y fait, le coeur de notre enfant n’arrête pas de nous jouer des tours. Tu faisais ce que tu pouvais pour améliorer son sort, je me sentais impuissant.
Plus tard dans la journée, une gynécologue nous arrive avec un plan tout droit sorti de Grey’s Anatomy. Elle va insérer un tube dans ton placenta et y injecter une solution (mon vocabulaire de non-médecin ne se souvient plus du terme exact) afin de compenser le manque de liquide amniotique. Une vieille technique qui a fait ses preuves, selon ses dires. Rapidement, ton accouchement s’est transformé en talk of the town. Une panoplie de médecins, des infirmières et des résidents sont venus voir la procédure. Tu tentais de te reposer à travers tout ça et je me sentais vraiment impuissant.
Quelques heures plus tard, notre docteur nous dit que si rien ne change, tu vas devoir aller en césarienne. Une fourmilière d’infirmières te tournaient autour pour te préparer à l’éventuelle opération. Tu avais les yeux fermés. J’étais entre le mur et une chaise, espérant pouvoir disparaître pour laisser plus de place aux infirmières… J’étais mort d’inquiétude.
Finalement, oh miracle! Tu es assez dilatée pour pouvoir commencer le travail. L’intervention de la gynécologue a porté fruit, le coeur de notre enfant bat à merveille! Tu semblais soulagée, j’étais aux anges. Qu’est ce que je peux faire pour t’aider à passer à travers cette épreuve? À part mettre de la musique et te donner de l’eau, je me sentais si inutile. Tenir une jambe, essayer de respirer à ta place, te dire que tu fais bien ça… C’est bien beau, mais ce n’est pas moi qui pousse un enfant hors de moi. Tout de même, je ne pouvais m’empêcher d’être heureux d’enfin voir notre progéniture.
Ce qui m’a semblé être une éternité plus tard, j’ai vu des cheveux… Beaucoup de cheveux! J’étais incapable de me faire à l’idée qu’en 41 semaines, tu avais réussi à faire pousser ce petit être en dedans de toi. Quand ils ont enfin mis notre enfant sur toi, j’étais fier. Si fier de toi qui as passé 37 heures horribles, sans vraiment pouvoir manger. Si fier que tu sois restée calme face à tout ce qui se passait. Si fier de voir qu’on avait le plus beau bébé au monde.
En 37 heures, on a eu peur pour la vie de notre enfant. Tu as enfoncé tes ongles dans la cuirette d’une pauvre chaise berçante. Tu m’as lancé un regard que je n’avais jamais vu avant ce moment-là lorsque je tentais de respirer en même temps que toi. Tu as crié « Sors ost*e de bébé! » Je t’ai vu dormir à travers d’une marée d’infirmières qui te branchaient sur des solutés et qui te préparaient pour une césarienne.
En une fraction de seconde, je t’ai vue devenir maman. La plus belle maman du monde avec le plus beau bébé du monde. J’étais, et je suis encore, si fier.