Nous vivons un moment historique, nous sommes plongés dans l’incertitude et l’anxiété générale se fait sentir. Face à la pandémie, personne ne peut prévoir l’avenir. Nous savons simplement qu’il y aura un avant et un après.
Je pense aux victimes, à nos aînés et toutes les personnes à risque, à l’Italie, l’Europe, la Chine, à tous ceux qui ont perdu leur emploi et à ce futur incertain et perturbant. Je suis fâchée quand je vois des gens peu solidaires prendre des risques inutiles. Je suis fâchée que la bêtise humaine ait pu créer un monstre : parce que non, le pangolin n’y est pour rien.
Je dois l’admettre, j’ai jamais été aussi inquiète. Je suis inquiète pour mes proches et pour le futur que nous laissons à nos enfants. Mais pour ma fille, je garde mon sourire et un semblant de bonne humeur. Pas le choix. J’invente mille activités pour la divertir et – disons-le – pour ME divertir. Penser à autre chose. Oublier l’espace d’un bricolage, ce qui se passe hors de la maison.
Ma deux ans et demie pose des questions : « Pourquoi on va pas à la garderie? », « C’est le week-end aujourd’hui? », « Pourquoi tu travailles dans la cuisine, maman? »
C’est à cause de la COVID-19, mon amour. À cause du virus, maman doit rester près de toi toute la journée, moins travailler et rester à la maison. On doit beaucoup se laver les mains et ne faire de câlins à personne, sauf papa et maman. On va bien s’occuper de toi et tu es en sécurité avec nous.
Sourire de ma petite.
Elle ne comprend pas bien ma réponse, mais elle me dit « merci maman » et semble plus heureuse que jamais. Elle est à la maison, y a plus de garderie, elle peut jouer, regarder les dessins animés plus souvent (parce que travailler et s’occuper d’un enfant relève d’une nouvelle discipline olympique) et faire des bonshommes en pâte à sel. La journée, on reste en pyjama un jour sur deux, on se maquille, on se déguise, on joue avec les toutous, on fait des muffins à la banane et des crêpes. On réinvente la routine et on rit beaucoup. À deux ans, pour être heureuse, ma fille n’a pas besoin de prendre l’avion, d’aller au restau ou dans un bar, d’aller voir un show, de faire la fête. Elle a juste besoin de s’amuser avec ses parents. Pour ça, je la trouve chanceuse de vivre cette dure période dans l’insouciance et l’inconscience la plus totale.
Grâce à elle, mon anxiété baisse un peu. La joie d’une vie simple revient malgré les incertitudes autour. Avec elle, j’ai envie de croire qu’il y a du bon qui va sortir de l’horreur, qu’il y a de l’espoir. J’ai envie de croire que nos remises en questions vont être constructives. Je rêve en couleurs, je sais, mais c’est ce que je vois dans les yeux pétillants de mon enfant de deux ans.