Quand les États-Unis, dans un passé très très très proche, fermaient leurs frontières au Vieux Continent, l’Européenne que je suis criait au scandale! La mesure me paraissait disproportionnée parce que je ne voyais que les conséquences désastreuses que ça engendrerait d’un point de vue économique et social.
Une semaine plus tard à peine, la France et le Canada annonçaient quasi simultanément la fermeture de leurs frontières. Puis, en seulement quelques jours, je passais du « AU SCANDALE, les frontières ferment! » à « ENFIN, les frontières ferment! »
C’est que j’ai eu besoin de quelques jours pour digérer le fait que ce foutu virus a réussi à claquer la porte au droit de circulation des humains d’un côté de l’océan à l’autre.
En tant que Française d’origine et Québécoise de coeur, je peine à croire que cette connexion entre la France et le Québec est véritablement rompue pour le moment; ça s’est passé si brutalement, sans préavis et c’est effectif pour une durée encore indéterminée.
Quelques jours seulement avant l’annonce des fermetures des bars et des restaurants, j’étais entourée d’amis français qui devaient quitter d’urgence, devancer leur départ de Montréal pour retrouver leur terre natale avant qu’il ne soit trop tard.
Lors de cette soirée, les chaleureuses accolades étaient déjà inconcevables. Déjà à ce moment, la conversation tournait presque exclusivement autour des mesures prises pour contrer la COVID-19.
Aujourd’hui, à peine un claquement de jours plus tard, l’idée même de se retrouver au restaurant entre amis est inconcevable (ils sont fermés, je ne vous apprends rien).
Il n’est pas non plus concevable de rendre visite à des amis ou de se retrouver dans un parc: trop risqué et irresponsable, si l’ont veut réduire les risques de propagation du virus.
Demander de l’aide pour notre déménagement imminent dans l’appartement qu’on a acheté une semaine tout juste avant que la crise ne débute? Plus question. (Mais je vous rassure, notre petite puce de trois mois sait déjà tenir sa tête, elle pourra bien porter quelques cartons, n’est-ce pas?)
Espérer encore que mon beau-frère, sa femme et ses quatre enfants qui viennent de France n’annulent pas leur voyage prévu depuis des mois ? Ça relève du rêve…
Rêver de démarrer le contrat de production sur lequel j’avais tant travaillé, et ce, malgré mon petit bébé de trois mois? Rêver, ça oui je peux, à volonté même…
Mais quand on regarde la menace qui plane sur la tête de millions d’êtres humains déjà vulnérables et les dizaines de milliers de vies déjà prises par ce satané virus, ça me fait beaucoup relativiser et je me considère chanceuse d’être encore en santé et de participer activement à protéger les autres en restant tout autant activement chez moi en compagnie de mon petit bébé.