Travailler de la maison, pas aussi glamour que le marketing de réseau ne le laisse croire
Alyson Tremblay RacineJe m’assure de commencer cet article en précisant que je n’ai rien contre les entreprises de marketing de réseau. J’adore mes Tupperware et mes bains moussants Avon. Je ne juge en aucun cas les gens qui font ce genre de choix de carrière et je suis certaine que plusieurs y trouvent leur compte à 110%. LOIN (très loin) de moi l’envie de commencer un débat sur le marketing de réseau.
MAIS…
Je dois me prononcer sur quelque chose qui m’agace. J’ai envie de lever le flag aux futures télé-travailleuses, peu importe le domaine, que ce soit du marketing de réseau ou non. Je veux soulever un point qui doit ABSOLUMENT être considéré avant de faire le grand saut vers le travail à la maison.
Depuis quelques mois, mon fil d’actualité Facebook est envahi de nouvelles entrepreneures. Je les vois promouvoir leurs produits, leurs entreprises… et ça me va! Que ce soit des shakes vegan ou des boucles d’oreilles fabriquées à la main, je m’intéresse à ce que je veux bien m’intéresser, simplement.
Certaines sortent cependant du lot. Elles publient chaque jour depuis longtemps et je ne sais honnêtement même pas ce qu’elles vendent. Ce que j’ai retenu, c’est qu’elles essayent de vendre du rêve, point.
« OMG lundi matin. Es-tu stressée? Pas moi! Même pas de cadran, pas de lunch à faire, je reste en pyjama! Pourquoi? Parce que j’ai dit OUI! Maintenant, j’ai les moyens de Netflix and chill chaque jour tout en continuant de payer mon épicerie (et même plusieurs extras pour me gâter!). Tout ça parce que je peux travailler DE MON CELLULAIRE, quelques heures par jour seulement! As-tu envie de vivre ce rêve-là? Tu n’as qu’à dire O-U-I! »
Je ne suis pas là pour juger, peut-être que cette fille-là fait vraiment le double de mon salaire. Tant mieux pour elle. Mais personne ne va me faire avaler qu’il y a juste moi qui trouve ça parfois rushant de travailler de la maison!
Je travaille entièrement de la maison pour une entreprise. Je suis salariée. Je ne vends rien du tout. Je travaille en marketing et communication. Je suis privilégiée. L’entreprise pour laquelle je travaille est merveilleuse. Les patrons me font confiance, m’écoutent et me laissent aller de l’avant avec mes idées.
Je gère entièrement mon horaire. Je peux aller faire mon épicerie le lundi AM. Je peux partir en vacances sans demander à qui que ce soit (tant que mon travail est fait, of course!). Je peux accompagner mes enfants dans leurs sorties scolaires. Mes enfants ne fréquentent ni la garderie ni la garderie scolaire. Oui, je suis TRÈS privilégiée.
Et c’est ÇA que les recruteuses font miroiter sur les réseaux sociaux comme une opportunité de travail EXCEPTIONNELLE à saisir immédiatement. Mais il y a aussi le revers de la médaille.
Premièrement, rien ne se fera tout seul. Dans le cas du marketing de réseaux, vous serez payé.e à la hauteur de vos efforts, évidemment. Ce n’est pas une situation que je vis, donc un stress de moins dans ma situation. C’est d’ailleurs un stress financier que je ne saurais clairement pas gérer!
Deuxièmement, ce n’est pas glamour du tout! Le télé-travail, c’est avoir sa table de cuisine comme bureau (un jour, j’aurai un bureau!). C’est aussi devoir moduler son horaire de travail selon ses besoins (quand les enfants sont calmes/absents/dorment) tout en étant constamment disponible pour les collègues et clients parce qu’eux ont assurément un autre horaire que le nôtre. C’est devoir faire 100 appels et envoyer 1000 courriels pour se mettre d’accord, entre collègues, sur un détail qui demanderait un meeting de 15 minutes seulement. C’est être un.e entrepreneur.e dans une entreprise qui n’est pas la nôtre et avoir le travail en tête tout le temps. Ramener du travail à la maison? En fait, le travail ne quitte jamais la maison.
Le télé-travail, c’est vivre avec la constante hésitation de continuer une tâche ou d’aller faire la vaisselle qui nous fait de l’oeil. C’est partir machinalement une brassée de lavage en allant à la toilette rapidement. C’est être une maman à la maison 100% du temps tout en ajoutant 30 heures de travail quelque part là-dedans. C’est faire une croix sur le peu de vie sociale que le travail en entreprise apporte. C’est garder son enfant malade à la maison sans devoir « caller off », mais reprendre la journée (passée à désinfecter pour ne pas que les autres pognent la gastro) de 20h à 23h30 le soir.
EN PLUS, ça isole. J’ai des employeurs très alertes à ce niveau qui offrent le soutien nécessaire pour l’éviter au maximum (MERCI!), mais ce n’est clairement pas le cas de tout le monde. Vous avez trouvé votre congé de maternité long et plate? Avec le télé-travail, les mauvaises journées peuvent être sombres longtemps avec des tâches importantes à accomplir, un plancher collant et un toddler grippé qui hurle.
Je suis privilégiée. Travailler de la maison comporte énormément d’avantages. Mais ce n’est pas glamour, ce n’est pas exempt de stress ou de pression et ce n’est pas aussi facile que certains le font croire. Fermez Instagram un peu et questionnez-vous. Le télé-travail, ce n’est pas fait pour tout le monde. Si vous faites le saut, faites-le en connaissance de cause; tout ne sera pas rose!
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