Demain sonnera mon entrée officielle au travail, après plus de 14 mois de déconnexion cérébrale. Un mélange d’appréhension et d’excitation m’habite. Je sens la fin criante de mon congé de maternité et de cette « liberté » d’horaire tant appréciée. J’envisage à la fois tout un monde de défis stimulants et, proportionnellement, maintes et maintes courses contre la montre. J’anticipe un peu la fumée qui sera libérée demain de mon cerveau cramé, après ce 8 heures où l’intellect sera à nouveau stimulé. Je salive devant ce lunch – chaud – mangé assise, en bonne compagnie, et je sue à l’idée d’arriver à une heure décente à la garderie.
J’ai déjà fait le grand saut, une première fois, avec grand coco fusionnel et aucune nuit complète à son actif. Il n’y a pas de recette magique; on survit… puis on finit par prendre goût à cette nouvelle vie. Hélas, les premiers mois sont ponctués de fatigue et de nouveauté, de pleurs et de microbes, de culpabilité infinie et de remises en question. Mais ils sont un passage obligé vers l’équilibre travail-famille. Tout est une question de temps, d’adaptation.
Alors que je rassemble un peu d’estime égarée, pour cette grande journée, je pense au lendemain à préparer. Ce qui m’amène à vous présenter mon planning vis-à-vis le jour J: Comment préparer son retour sur le marché de l’emploi en 7 commandements.
1. De la nourriture, tu prépareras.
Un peu comme avant l’accouchement, la planification de repas change vraiment la donne, quand la fatigue sonne. Une collation et de l’eau pour patienter, entre la garderie et la maison, m’ont toujours servi d’alliés, au retour d’une grosse journée.
Qu’il s’agisse de petits plats prêts à enfourner, des aliments pré-coupés, gelés, prêts à cuire ou des Ziplocs de repas prêts à mijoter; tous seront utiles et grandement appréciés.
Cuisiner plusieurs repas dans un blitz de temps est également plus facilitant. Évidemment, un petit ménage de congélo s’impose pour libérer de l’espace pour ces petits plats. Sachez aussi que la virée à l’épicerie sera plus pénible. Une livraison du marché pourrait être envisagée.
Manger « bouffe du temps » et se répète inlassablement. Mieux vaut donc planifier l’inéluctable pour négocier la journée à l’amiable.
2. Tes pantalons mous, tu quitteras.
Nous voilà mères, changées, in and out. Il pourrait être intéressant de revisiter notre garde-robe pour réévaluer nos besoins. Malheureusement, la majorité des emplois ne sont pas favorables aux pyjamas. Quelques morceaux neufs, usagés ou empruntés seront agréables à planifier.
Si l’uniforme est de mise, il est temps de les sortir de leur remise et de les nettoyer, pour qu’ils soient prêts à enfiler! La veille de votre entrée au travail, rassemblez votre tenue et accessoires en une belle pile.
3. Une routine, tu établiras.
Tout est une question de mathématiques. Ne jamais négliger les pertes de temps inusitées, dans l’équation de vos déplacements (une selle impromptue, une crise de bacon, un bas égaré, une voiture à déneiger). Qui va chercher qui, quand, où? Quelle est l’heure optimale pour déjeuner, s’habiller, quitter la maison?
L’agenda devient un précieux outil du quotidien. Planifiez votre semaine, pour minimiser le stress. Rendez vos matins d’empressement moins stressants, en incluant les enfants dans les étapes. Vous leur ferez beaucoup de demandes et de pression pour répondre à vos besoins organisationnels. N’oubliez pas de leur accorder quelques minutes de votre temps et votre attention pour répondre à leurs besoins à eux aussi. Vous vous en sentirez tous gagnants.
Planifiez à l’horaire des bisous plus longs ou des chatouilles matinales. Les enfants doivent apprendre à composer avec les horaires imposés, mais il est toujours possible de rendre le tout plus agréable. Chantez une comptine incluant les étapes de préparation, s’il le faut; c’est non seulement amusant, mais aussi favorable à l’autonomie et l’organisation.
Beaucoup de calendriers ou pictogrammes de responsabilités à déléguer aux enfants existent, au service de votre matinée. La clé : se pratiquer. Constance, patience… arrachage de cheveux… récompense… succès!
4. De toi, tu prendras soin.
Pas facile, vous me direz. Dans les faits, j’ai utilisé les quelques heures d’introduction en garderie à mon avantage, question de faire le plein de mes besoins. Besoins répondus = indulgence, patience, confiance.
Quelles que soient les finances, un peu de bien-être sera au service de votre être. Rendez-vous chez la coiffeuse, le dentiste ou avec son conjoint, au resto. Allez marcher en nature, prendre un café avec une amie, lire un livre qui n’a pas de lien avec l’éducation des enfants.
Tout ceci remplira votre panse de pensées positives, à l’approche du tumulte du retour.
5. Tu ne te flagelleras point.
Dans le même ordre d’idées, prendre soin de soi, c’est aussi s’accorder clémence. Un peu de bienveillance à votre propre égard vous rendra nettement plus fonctionnelle.
Tout est une question de temps et d’ajustement. Il ne faut pas se punir pour son manque de concentration ou de rapidité. À l’image du vélo ; on tombe, on remonte en selle, on accélère, on excelle.
On s’ouvre aux commentaires constructifs. On se félicite pour les bons coups. On fait preuve d’humilité et on s’arme de patience. On se construit une routine et une confiance professionnelle en même temps qu’on fait le deuil des journées 100% dédiées à notre tout-petit.
C’est tout un contrat! Pas besoin d’ajouter de la flagellation à son mea culpa.
6. Du café, tu prendras.
….Ou bien du chocolat, des thés bien infusés ou tout ce qui vous semblera bénéfique (et légal) dans la quête d’énergie.
Addiction ou béquille? Quoi qu’il en soit, il ne faut pas sous-estimer les pouvoirs d’un bon liquide chaud, quand on se lève tôt!
7. Une équipe, tu formeras.
Conjoint, voisin, grands-parents, meilleure amie ou nounou bien choisie; ces humains qui fréquentent votre chouchou depuis ses premiers babillements seront des atouts, dans votre retour à l’emploi. Laissez-vous aider. Entourez-vous. Plus il y a de soignants, plus il y a de soins. Votre entourage fait la différence.
Soyez simplement reconnaissantes et reconnaissez les limites de votre fonctionnalité. Toutes ces mains tendues sont une mine d’or au service de votre acclimatation. Réclamez-les. Acclamez-les.
Voilà!
Veille de la rentrée; pas de corvées pour moi! Je me choisis des moments de repos, avant le boulot. Un peu de nostalgie au menu. Quelques larmes bien senties soulageront mon trop-plein d’émotions.
Il est maintenant venu le temps de se concentrer sur la qualité du temps passé en compagnie de mes petits chéris. Je fais une croix sur la quantité, à l’avantage de la qualité. J’y mettrai autant de cœur qu’à l’accoutumée, mais sur une période de temps plus concentrée.
Je serai fière de les voir évoluer, gagner en autonomie et socialiser. Je serai valorisée et apte à réutiliser ce carburant puissant dans les soins que je leur apporterai. Et les vacances auront simplement meilleur goût.