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Et si on laissait nos ados être aussi des enfants?
Crédit: Christian Langballe/Unsplash

Comme maman, j’ai souvent ressenti de la pression pour que mon enfant atteigne l’étape suivante. 

Quand elle avait 6 mois : « Est-ce qu’elle fait ses nuits ?  Est-ce qu’elle a commencé à manger? »

Quand elle avait 4 ans : « Elle ne sait pas encore faire du vélo?  Est-ce qu’elle écrit correctement son nom?  Est-ce qu’elle est prête pour l’école? »

Quand elle avait 8 ans : « As-tu un petit chum dans ta classe?  Tu crois encore au père Noël? Arrête de pleurer, tu es une grande fille maintenant! »

Quand elle avait 10 ans :« Tu écoutes encore cette émission? Tu aimes les films de Disney ? Tu ne veux pas jouer à Vérité ou Conséquence parce que tu es bébé! »

Je constate également que ma fille la subit également beaucoup, cette pression de la société qui lui dicte quoi faire et quoi aimer selon son âge ou son développement. Plus les années passent, et plus je sens qu’elle est imprégnée de tout ça. Il faut sans cesse qu’elle soit grande, responsable, qu’elle « fit » dans le moule.

Cette année, elle a eu 12 ans. À 12 ans, tu deviens une adolescente, c’est-à-dire, à moitié une adulte. À 12 ans, faut croire que tu n’as plus le droit d’aimer les jouets, les beaux livres remplis d’images et les jeux sortis tout droit de l’imagination. À 12 ans, il faut papoter d’amourettes, chiller au parc entre amis au lieu de voir qui se balance le plus haut. À 12 ans, ça te prend un cellulaire, un style de musique préféré et surtout RIEN qui peut te rappeler que tu es encore (et aussi) à moitié un enfant.

Ma fille est sensible, imaginative et unique. Aux yeux de certains, elle paraît manquer de maturité, de par ses goûts, ses choix et sa personnalité. Parfois, je la sens fausse dans ce qu’elle dit et ce qu’elle veut, seulement parce qu’elle a un rôle à jouer devant sa gang. Et depuis un mois ou deux, je la sens fragile et déstabilisée. Le secondaire l’effraie un peu. Les grands, avec leur attitude de grands, l’effraient beaucoup. Son corps change, son cœur aussi. Sa routine, sa charge de travail, ce que l’on attend d’elle… tant de choses nouvelles, sa tête ne suit plus.

J’ai ma part de responsabilité, tout comme la société entière. Combien de fois lui ai-je dit « Tu es grande maintenant »? Il faut vraiment que je fasse attention au contexte des mots que je lui dis. Je l’accorde, il faut qu’elle se responsabilise, qu’elle devienne toujours un peu plus adulte. Mais, pourquoi faut-elle qu’elle change si vite? Pourquoi la terre entière veut qu’elle entre dans le moule right now, alors qu’elle ne s’y sent pas encore tout à fait à l’aise?

Je sais que parfois, elle lit mes textes. Si elle le fait pour celui-ci, je veux juste lui dire qu’elle n’a pas à avoir honte de vouloir regarder La Reine des Neiges II. Elle a le droit d’être excitée par la première neige et de vouloir se rouler dedans comme lorsqu’elle avait 5 ans. C’est correct de choisir le menu pour enfants si elle n’a pas un grand appétit. Elle a le droit d’organiser des spectacles loufoques directement sortis de son imagination, pas seulement des chorégraphies sur la pop du moment. Elle a le droit de me faire un bisou en public, de me tenir la main si elle en a envie.

Elle a le droit d’être elle-même, d’aimer ce qu’elle veut et de franchir les étapes importantes lorsqu’elle se sentira prête à le faire. Et surtout, elle n’a pas à se laisser influencer par les choix et les jugements des autres. Chacun son cheminement.

Je ne veux pas qu’elle arrête d’être une enfant trop vite, parce que la terre entière juge qu’à 12 ans, ces petites choses qu’elle affectionne ne sont plus permises. J’aimerais qu’elle réalise que ce qu’elle abandonne si vite ne reviendra peut-être plus jamais.

Et j’aimerais surtout que le monde réalise la pression mise sur les épaules de nos jeunes. Laissons-les vivre leur enfance, d’autant plus qu’on ne vit cette période qu’une fois!

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